« Des hommes s’écroulaient dans la rue en gémissant et en se tordant, d’autres tombaient de tout leur long en bavant…Des hommes, des femmes et des enfants mouraient dans des douleurs atroces.« , écrivait un chroniqueur en 943. Au Xème siècle, le « mal des ardents » faisait rage en Europe et cette maladie nommée ainsi à cause de la sensation d’être en feu amenait ses victimes à se rendre en nombre sur la tombe de Saint Antoine en France dans l’espoir d’être guéries.

On sait aujourd’hui que ce « mal des ardents » ou ergotisme était provoqué par la consommation de seigle contaminé par des alcaloïdes de l’ergot produits par la moisissure Claviceps purpurea (Bove, 1970; Beardall et Miller, 1994), et qu’il avait atteint les proportions d’une épidémie dans de nombreuses parties de l’Europe du dixième siècle.

On a également émis l’hypothèse que le dépeuplement important de l’Europe occidentale au treizième siècle serait dû au remplacement du seigle par le blé, qui constituait une source importante de mycotoxines de Fusarium. Les mycotoxicoses, connues plus récemment sous le nom d’“aleucie toxique alimentaire” et qui ont décimé des villages entiers de Sibérie pendant la seconde guerre mondiale provoquent des vomissements, une inflammation aiguë du tube digestif, une anémie, une défaillance circulatoire et des convulsions.

Les mycotoxines (du grec, mukos, champignon) sont des toxines produites par diverses espèces de champignons microscopiques telles que les moisissures. Elles se développent uniquement dans certaines conditions de chaleur et d’humidité. Une vingtaine sont carrément nocives (dont 3 qui seraient à l’origine du cancer), soit par voie alimentaire, soit par contamination (poussières).

En 1985, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estimait que 25 % des récoltes de céréales dans le monde étaient affectées par des mycotoxines, ce qui a pour effet de réduire la nourriture, tant végétale qu’animale, disponible au niveau mondial. De plus, les mycotoxines sont responsables d’intoxications aiguës parfois mortelles, notamment chez les animaux d’élevage, et d’intoxications chroniques.

On trouve également les mycotoxines dans les fruits, noix, amandes, grains, fourrages ainsi que dans les aliments composés ou manufacturés destinés à l’alimentation humaine ou animale. Elles peuvent également être retrouvées dans le lait, les œufs, les viandes ou les abats, si les animaux ont été exposés à une alimentation contaminée par les mycotoxines.
Généralement, thermostables, elles ne sont pas détruites par les procédés habituels de cuisson et de stérilisation. Certaines mycotoxines ont une toxicité aiguë très marquée (exposition unique à une forte dose).

Les aflatoxines peuvent provoquer des cancers du foie. L’ochratoxine A et les fumonisines seraient à l’origine de cancers des voies urinaires et de tumeurs à l’oesophage.

Les personnes les plus exposées sont la salariés de l’industrie céréalière, de la fabrication d’aliments pour les animaux de la transformation de certaines denrées alimentaires (café, épices…), de l’élevage de porcs et de volaille. Une cartographie des risques encourus en France est en cours.

(Sources: wikipedia /anses.fr /fao.org )