Selon une étude réalisée par une équipe de chercheurs provenant de l’INRS–Institut Armand-Frappier, du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal et de l’Université McGill, les hommes qui ont déjà souffert d’eczéma pourraient courir moins de risques d’être atteints d’un cancer du poumon. Et ceux qui ont eu de l’asthme auraient moins de risque d’avoir un cancer de l’estomac,.

Selon les résultats, le risque de cancer du poumon était 65 % moins élevé chez les hommes ayant souffert d’eczéma que chez ceux qui n’ont jamais contracté cette maladie de la peau. Les sujets asthmatiques avaient 70 % moins de risques d’être atteints d’un cancer de l’estomac, comparativement à ceux qui n’avaient jamais fait d’asthme.

« L’asthme et l’eczéma sont des maladies allergiques provoquées par une hyperréactivité du système immunitaire face à des corps étrangers. Il est possible que cette hyperactivité permette d’éliminer les cellules précancéreuses et de réduire les risques de cancer », explique le professeur Marie-Claude Rousseau de l’INRS–Institut Armand-Frappier, une des coauteurs de la recherche.

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont analysé des données recueillies lors d’une étude sur les expositions professionnelles des hommes et le cancer. Elle a été menée d’août 1979 à mars 1986 auprès de 3 300 Québécois âgés de 35 à 70 ans qui présentaient un diagnostic de cancer. Huit types de cancers touchant notamment l’estomac, les poumons, le côlon, la prostate et la peau ont été pris en considération.

Les résultats obtenus enrichissent les connaissances dans le domaine de la santé des populations. Bien que l’étude ne permette pas d’identifier quels facteurs spécifiques reliés à l’asthme et l’eczéma seraient responsables de la diminution de risque de cancer, elle ouvre la voie à de nouvelles avenues de recherche pour mieux comprendre les mécanismes moléculaires et immunologiques impliqués dans l’immunostimulation, qui pourrait être une stratégie prometteuse pour prévenir le cancer.

LES FEMMES SONT OUBLIEES

Le groupe témoin était constitué de 512 hommes non atteints d’un cancer et provenant de la population générale. L’étude visait à comparer les proportions d’hommes ayant un historique d’asthme ou d’eczéma entre le groupe des cancéreux et le groupe témoin.

Compte tenu de la provenance des données, l’étude n’a malheureusement pas pu porter sur les femmes. « Nous analysons des données plus récentes sur les liens entre l’asthme, l’eczéma, la fièvre des foins et le cancer du poumon chez les hommes et les femmes. Les analyses sont en cours et les résultats seront dévoilés l’an prochain », affirme l’épidémiologiste qui refuse pour le moment de divulguer les données préliminaires qu’elle qualifie d’« intéressantes ».