La faim est un besoin essentiel qui concerne non seulement notre corps, mais aussi notre esprit. On pense souvent à la faim comme un simple signal physiologique. Mais elle est aussi profondément enracinée dans nos souvenirs et nos expériences vécues.
Pourquoi et comment la mémoire peut-elle influencer notre sensation de faim ? Explorons ce lien fascinant entre la faim et la mémoire.
La revue scientifique « Nature Metabolism » vient de publier une nouvelle étude. Elle avance que des neurones spécifiques de l’hippocampe (région cérébrale de l’apprentissage et la mémoire) enregistrent les émotions ressenties lorsque nous consommons des aliments riches en calories.
Les scientifiques distinguent la « « faim métabolique », ou besoin du corps en énergie, et la « faim hédonique », cette envie qui nous prend quand l’aspect et l’odeur des aliments nous tentent.
Qu’en est-il de la faim motivée par la mémoire ?
Qu’entend-on par « avoir faim » ? La faim est d’abord une expérience corporelle. C’est une réponse à un déficit calorique que notre corps ressent. Elle est régulée par des signaux hormonaux : la ghreline hormone digestive qui stimule l’appétit et la leptine qui procure une sensation de satiété.
Mais la faim ne se limite pas à cette dimension biologique. Nos émotions, nos souvenirs et nos attentes jouent un rôle crucial dans la façon dont nous ressentons cette sensation.
Quel est le rôle de la mémoire dans l’appétit ?
-Les expériences passées avec la nourriture peuvent déclencher des envies spécifiques. Par exemple, si nous avons des souvenirs heureux associés à un plat particulier, la simple pensée de ce plat peut raviver notre appétit. Et ce même si on n’a pas vraiment faim. Les cuisiniers le savent bien : en créant des plats qui évoquent des souvenirs, ils cherchent à stimuler l’appétit de leurs convives.
-Certaines études suggèrent que la mémoire gustative joue un rôle essentiel dans notre choix alimentaire. Nos préférences alimentaires se construisent au fil du temps. Un goût que nous avons aimé enfant peut ressurgir à l’âge adulte. Ainsi, la mémoire devient un guide puissant dans notre quête de satisfaction alimentaire.
Quel est le rôle de la nostalgie sur la sensation de faim ?
La nostalgie est une émotion particulièrement puissante qui peut influencer notre perception de la faim. Se souvenir d’un repas familial peut créer une forte envie de reproduire cette expérience, même des années plus tard. Cette connexion émotionnelle signale que nous cherchons à combler un vide. Un vide non seulement physique, mais aussi affectif.
La faim psychologique
Au-delà des signaux physiques de la faim, notre état mental peut également influencer notre désir de manger. Les souvenirs négatifs, comme la tristesse ou le stress, peuvent nous faire chercher du réconfort dans la nourriture, même si nous ne sommes pas physiquement affamés. Cela soulève des questions importantes sur les comportements alimentaires compulsifs et la façon dont la mémoire peut jouer un rôle dans ces dynamiques.
Le mécanisme de la mémoire gustative
Les saveurs résonnent avec nos émotions. Selon des études en neuroscience, le goût stimule les zones du cerveau liées aux souvenirs émotionnels.
Il est fascinant de constater à quel point la « malbouffe » occupe une place prépondérante dans nos vies. Plus qu’un simple plaisir coupable, cette façon de s’alimenter s’infiltre profondément dans notre mémoire collective et personnelle, marquant nos souvenirs d’une empreinte indélébile.
Pourquoi ? Parce que dès notre plus jeune âge, nous sommes exposés à des aliments transformés, riches en sucres, en gras et en sels. Les fast-foods, les bonbons et les chips ne sont pas seulement des mets accessibles : ils sont souvent associés à des moments de convivialité et de joie.
Ainsi, chaque bouchée de malbouffe peut raviver des souvenirs d’enfance : un goûter partagé, un anniversaire célébré, ou même des moments de réconfort après un chagrin. En savourant un hamburger bien garni ou une glace fondante, nous embrassons une partie de notre passé et une part de nous-mêmes qui cherche le réconfort.
Et ce lien entre nourriture et émotions est si puissant qu’il peut influencer nos choix alimentaires tout au long de notre vie.
Notre cerveau enregistre tout
L’un des principaux facteurs qui nous attirent vers la malbouffe est son goût irrésistible. Les aliments transformés sont souvent chargés de sucre, de sel et de matières grasses. Ces ingrédients activent le système de récompense de notre cerveau. En clair, la première bouchée d’une frite croustillante ou d’un dessert sucré nous procure une satisfaction intense. Et nous en redemandons !
Une fois que nous avons fini de manger, notre cerveau enregistre les informations ainsi que les sensations procurées par les aliments consommés. Il crée ainsi une « base de données » de saveurs et leurs effets. Ce qui va permettre plus tard d’activer la production de dopamine, hormone du plaisir. Le cerveau met ensuite à jour la valeur d’un aliment en se basant sur cette information. Ainsi la vitrine d’une boulangerie, et les odeurs qui sortent de la boutique, vont-elles nous attirer irrésistiblement. Comment alors lutter contre nos pulsions ?
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