Article extrait du site « Passeport Santé.net » *

La réflexologie vise à mobiliser les processus d’autoguérison du corps. Elle se pratique en exerçant une pression soutenue, avec le bout des doigts, sur des zones ou des points réflexes situés sur les pieds, les mains et les oreilles. Ces points correspondent à des organes ou des fonctions organiques.

La réflexologie n’est pas une technique de massage, insistent les praticiens, même si elle peut y ressembler à première vue. Elle serait davantage apparentée au shiatsu ou à l’acupuncture. La réflexologie ne prétend pas guérir des maux spécifiques. Elle cherche plutôt à apporter un certainsoulagement à toutes sortes d’affections : maux de tête ou de dos, syndrome prémenstruel, stress, troubles respiratoires, sclérose en plaques, effets indésirables de la chimiothérapie, etc.

Les points réflexes ne se retrouvent pas exactement aux mêmes endroits sur les différentes chartes de réflexologie. Cela s’expliquerait par deux facteurs. D’abord, puisque l’approche continue d’évoluer, l’identification de l’emplacement des points peut varier légèrement en fonction des recherches et de la pratique clinique. Ensuite, les points sur les chartes seraient indicatifs. Leur emplacement exact pourrait différer un peu, selon la morphologie des individus. Un praticien expérimenté devrait pouvoir trouver les points avec une bonne précision grâce aux réactions de son patient. À titre d’exemple, une personne ayant un problème au foie pourra ressentir une certaine douleur si l’on presse exactement le point réflexe correspondant à cet organe. (Voir Reflexology Research dans les Sites d’intérêt pour consulter des chartes interactives.)

Des illustrations et des textes anciens permettent de penser que les Chinois et les Égyptiens ont utilisé une forme de réflexologie des pieds durant l’Antiquité. En Occident, l’un des premiers ouvrages sur le sujet a été publié en 1582 par deux médecins européens, célèbres en leur temps, les Drs Adamus et Atatis.

La réflexologie moderne remonte aux travaux d’un médecin américain, le Dr William Fitzgerald. Tandis qu’il cherchait une méthode d’anesthésie en chirurgie mineure, il découvrit que la douleur éprouvée par ses patients diminuait s’il appliquait une pression sur certains points du corps. Sa théorie, élaborée en 1913, repose sur un modèle anatomique qui divise le corps en 10 zones énergétiques, allant de la tête aux pieds, chacune étant liée à des endroits précis du corps : les zones réflexes.

C’est Eunice Ingham (1889-1974), une physiothérapeute américaine assistante du Dr Fitzgerald, qui a mis au point, au début des années 1930 – à partir des découvertes de ce médecin -, la réflexologie telle qu’on la connaît aujourd’hui. Elle est l’auteure du premier traité de réflexologie moderne dans lequel l’ensemble du corps est littéralement « cartographié » sur les mains et les pieds.

Eunice Ingham a donné des séminaires partout en Amérique du Nord. Elle a aussi fondé la première école de réflexologie. Aujourd’hui nommée l’International Institute of Reflexology, cette école est dirigée par Dwight Byers, le neveu d’Eunice Ingham. Leur enseignement est offert dans plusieurs pays du monde.

Des tentatives d’explication

Quelques hypothèses sont avancées pour expliquer le mode d’action de la réflexologie. Ainsi, la stimulation de certains points pourrait mobiliser l’énergie vitale, le Qi, comme le fait l’acupuncture. Il se pourrait aussi que la réflexologie entraîne la production d’endorphines, qu’elle stimule des nerfs en lien avec divers organes ou qu’elle accroisse la circulation de la lymphe dans l’organisme. Une autre explication : elle pourrait dissoudre les dépôts qui se forment dans certaines zones du pied en raison d’un excès d’acide urique. Jusqu’ici, aucune de ces hypothèses n’a été prouvée scientifiquement.

Pas de statut officiel

Même si la réflexologie est de plus en plus utilisée comme approche alternative, que ce soit par des professionnels ou dans un simple cadre familial ou personnel, elle a reçu peu de reconnaissance officielle. Actuellement, seuls le Danemark, la Chine et le Royaume-Uni l’ont intégrée dans leur système de soins de santé. Sa pratique est souvent contestée dans le milieu médical. D’un côté, ses opposants la perçoivent comme une méthode de relaxation sans effet thérapeutique réel. De l’autre, ses partisans souhaitent qu’elle soit intégrée aux soins de santé reconnus.

Dans la majorité des pays, ce sont les associations régionales ou nationales qui veillent à ce que les normes de qualité et de sécurité soient respectées tant pour la formation que la pratique. Fondé en 1990, l’International Council of Reflexologists est un réseau international qui diffuse les plus récentes percées dans le domaine et rassemble réflexologues, associations et écoles de réflexologie.

La littérature scientifique concernant les effets thérapeutiques de laréflexologie en est encore à ses premiers pas. On retrouve plus d’études de cas que de recherches scientifiques en bonne et due forme. Récemment, 2 revues systématiques ont répertorié les études scientifiques publiées jusqu’à maintenant sur la réflexologie. Même si les résultats de quelques essais cliniques sont encourageants, les auteurs de ces 2 revues en viennent à la même conclusion : les meilleures données disponibles à ce jour ne montrent pas de façon convaincante que la réflexologie soit un traitement efficace pour les affections investiguées.

Recherches

Améliorer la qualité de vie des personnes cancéreuses. Des études de cas non contrôlées et des études cliniques contrôlées ont été publiées relativement à l’effet de la réflexologie sur la qualité de vie de patients atteints de cancer. Les études de cas révèlent que beaucoup d’entre eux perçoivent une amélioration de leur qualité de vie, une diminution de leurs symptômes émotionnels et physiques, une diminution de leur état d’anxiété, un sentiment de relaxation et une amélioration de leur état de santé général et de leur bien-être.

Une revue systématique incluant 5 petites études a été publiée en 2008. Les résultats suggèrent que la réflexologie pourrait aussi amener des bénéfices comme une diminution de l’essoufflement, de la fatigue, de l’anxiété et de la douleur. Chez des gens en phase terminale de cancer, 2 études de cas ont montré que la réflexologie combinée à la musicothérapie pouvait réduire l’anxiété, la douleur et l’isolement, et faciliter la communication entre les patients, les membres de la famille et le personnel infirmier.

Deux études cliniques ont également donné certains résultats prometteurs chez des femmes atteintes d’un cancer du sein. Dans la première, les chercheurs ont évalué l’effet de la réflexologie sur les effets indésirables de la chimiothérapie. Ils ont constaté une baisse statistiquement significative des nausées, des vomissements et de la fatigue chez les patientes ayant reçu des séances de réflexologie, comparativement à celles du groupe témoin.

La deuxième étude avait pour objectif de vérifier l’effet de la réflexologie et du massage après une chirurgie pour un cancer du sein. Les résultats suggèrent que, comparativement au traitement usuel, la réflexologie et le massage apportent des améliorations significatives sur la qualité de vie après l’opération.

Contribuer à traiter certains troubles mentaux. Une étude auprès de patients souffrant de troubles mentaux indique que la réflexologie a été bénéfique pour les aider à relaxer et à gérer leur anxiété et pour leur donner confiance en leur pouvoir de guérison.

Réduire les symptômes du syndrome prémenstruel. Dans le cadre d’un essai aléatoire effectué sur 35 femmes souffrant du syndrome prémenstruel, un premier groupe recevait de la véritable réflexologie (pieds, mains et oreilles) et l’autre de la réflexologie placebo. Les traitements, qui duraient 30 minutes, ont été prodigués 1 fois par semaine, pendant 8 semaines. Chez les femmes du groupe réflexologie, divers symptômes (sensibilité des seins, gonflement abdominal, douleurs menstruelles, anxiétédépression et irritabilité) ont été allégés de façon significative, comparativement au groupe témoin. Ces résultats ont persisté jusqu’à 2 mois après l’arrêt du traitement.

Faciliter la grossesse. Même s’il y a peu d’études cliniques, des preuves anecdotiques sont évoquées pour justifier les bienfaits de la réflexologie chez les femmes enceintes. Elle permettrait notamment une réduction du temps de travail et une meilleure régulation des contractions.

Une étude clinique publiée en 2003 s’est penchée sur l’effet de la réflexologie pour réduire l’oedème des pieds et des chevilles chez des femmes enceintes de 35 ans et plus. Cinquante-cinq femmes ont reçu des traitements de réflexologie lymphatique, de réflexologie relaxante ou se sont reposées un temps équivalant. Les chercheurs n’ont mesuré aucune différence significative de l’oedème entre les 3 groupes. Cependant, les patientes ayant eu de la réflexologie lymphatique ont affirmé avoir perçu une amélioration : elles ont exprimé un degré de satisfaction générale plus élevé.

Réduire les maux de tête. Une étude d’observation regroupant 220 patients souffrant de maux de tête (migraines chroniques ou tensions céphaliques) a été publiée en 1999. Les patients ont été traités pendant un maximum de 6 mois. Après 3 mois, 81 % des patients ont dit que le traitement avait amélioré leurs symptômes et 19 % avaient arrêté la médication. Cette étude, sans groupe témoin, ne peut toutefois prouver l’efficacité de la réflexologie. En effet, ces résultats pourraient être attribuables à l’évolution normale de la maladie ou au simple fait de recevoir un massage.

Soulager les maux de dos. Dans le cadre d’une petite étude clinique, 40 personnes souffrant de hernies discales ont reçu 3 traitements de réflexologie en une semaine. L’auteur rapporte une réduction de la douleur (0,75 en moyenne sur une échelle de 4) chez 25 des 40 patients.

En 2008, une étude pilote a été réalisée auprès de 15 sujets souffrant de douleur lombaire (40 minutes de réflexologie, 1 fois par semaine, pendant 6 semaines). Des diminutions plus marquées des niveaux de douleur ont été observées chez les sujets traités avec la réflexologie, comparativement à ceux recevant les traitements placebo.

En ce qui concerne les douleurs chroniques du bas du dos, les résultats sont contradictoires. Un essai aléatoire et contrôlé publié en 1993 a permis d’observer une plus grande amélioration sur le plan de la douleur, de la contraction musculaire et de la mobilité dans le groupe réflexologie que dans le groupe placebo. Par contre, en 2007, les résultats d’une autre étude clinique aléatoire n’ont montré aucun bénéfice du point de vue de la douleur après l’ajout de traitements de réflexologie aux soins usuels.

Améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Une étude pilote a donné des résultats prometteurs à cet égard. Douze patients, répartis de façon aléatoire en 2 groupes, ont reçu 3 séances de réflexologie, authentique ou placebo. Dans les 2 groupes, on a noté une amélioration de la qualité de vie. Toutefois, les patients du groupe expérimental ont rapporté plus de bénéfices que ceux du groupe témoin.

En 2008, les auteurs de l’étude précédente ont évalué l’utilisation de la réflexologie auprès de 21 patients institutionnalisés souffrant de démence légère à modérée. Les résultats ont montré que la réflexologie pouvait entraîner une réduction de la douleur et du stress (mesuré par des tests de salive).

Diminuer les symptômes de la sclérose en plaques. En 2003, un essai clinique aléatoire a comparé l’effet de massages seuls ou combinés à de la réflexologie sur les symptômes de lasclérose en plaques. Comparativement au groupe massage seul, on a observé, chez les patients du groupe réflexologie, une plus grande diminution des engourdissements, des dysfonctions de la vessie et des spasmes musculaires. La réduction des engourdissements est restée significative 3 mois après les traitements.

En 2009, 2 nouveaux essais cliniques aléatoires ont comparé la réflexologie et la relaxation musculaire progressive, ou la réflexologie et des traitements placebo. Des améliorations comparables des paramètres (douleur, anxiété, fatigue, dépression et qualité de vie) ont été observées dans tous les groupes (réflexologie, placebo et relaxation). Ces résultats remettent en question les effets spécifiques de la réflexologie sur les symptômes de la sclérose en plaques.

Soulager les problèmes intestinaux. Une étude clinique a été réalisée pour évaluer l’efficacité de la réflexologie dans le traitement de jeunes patients souffrant de constipation chronique et d’incontinence fécale. Cinquante enfants, âgés de 3 ans à 14 ans, ont reçu 6 traitements de 30 minutes de réflexologie des pieds. Les mouvements intestinaux des patients se sont améliorés au cours du traitement et la fréquence de l’incontinence a diminué.

Autres applications

La réflexologie a aussi été utilisée dans plusieurs autres situations, comme le syndrome de l’intestin irritable, la maladie de Parkinson, la constipation chez la femme, l’incontinence urinaire, la stimulation de l’ovulation, le sommeil après l’accouchement la ménopause et le stress au travail. Mais il n’y a actuellement pas suffisamment de preuves scientifiques pour recommander la réflexologie dans ces cas.

Contre-indications

La réflexologie est une approche qui ne semble pas comporter de risques importants. Toutefois, certaines précautions sont à prendre, entre autres auprès des femmes enceintes. En effet, certains points pourraient stimuler le déclenchement du travail ou augmenter les mouvements foetaux. La prudence serait aussi de mise pour les personnes atteintes de cancer ou de diabète ou ayant des problèmes liés aux systèmes circulatoire et lymphatique.

Section Applications thérapeutiques
Recherche, rédaction et révision scientifique
: Dr Sylvie Dodin, M.D., M. Sc., Claudine Blanchet, Ph. D. et Mathieu Bujold, candidat au doctorat en anthropologie, Chaire en approche intégrée en santé, Université Laval.

(juin 2010)

*http://www.passeportsante.net