Stupeur, indignation, bredouillements, colère et  larmes refoulées à grand-peine… certaines remarques nous font très mal. Pourquoi ? On ne sait pas vraiment.

Pétrifié, livide, on se sent désarmé face à une attaque aussi brutale qu’injustifiée. Submergé par l’émotion, on adopte tant bien que mal un comportement  digne pour cacher une terrible débâcle. Impossible de supporter une critique ou un jugement  sur ce que nous sommes ou ce que nous faisons sans avoir la sensation de subir une violente agression. C’est simple, ça nous rend malade.

Les psychanalystes s’accordent pour dire que la susceptibilité, surtout quand elle est mal placée, est une sensibilité poussée à l’extrême. Et que cette sensibilité là, au lieu de nous permettre d’avancer, de nous construire grâce au regard des autres,  nous enferme dans notre tour d’ivoire, en proie à une rumination sans fin.

LE REPLI SUR SOI

Quand une simple remarque, énoncée posément, provoque un repli sur soi, une  incompréhension, un fort ressentiment, c’est que la personne a la certitude d’être dépréciée. Sa vie devient un parcours du combattant, rythmé par les attaques et les retraites, les piques acerbes et les silences blessés.

Si elle souffre dans son coin, elle peut également pourrir la vie des autres. Insatisfaite, mal dans sa peau, toujours sur la défensive, elle n’est pas à prendre avec des pincettes. Sa vexation se prolonge dans le temps, devient obsessionnelle. Pas question de se remettre en cause, au risque de mettre en péril le fragile équilibre qui constitue son moi profond. Une sourde colère la ronge. Elle n’arrive plus à se comporter de façon naturelle avec celui ou celle qui a mis en doute sa compétence, le malaise s’installe et l’atmosphère devient lourde.

UN PROFOND SENTIMENT D’INJUSTICE

Pour quelqu’un de susceptible, le pire n’est pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la moquerie, mais le manque de reconnaissance de ce qu’il pense être ses qualités principales.  Comment ? On ne s’aperçoit donc pas que je suis très intelligent ? Brillant et fin ?  Rapide, percutant ?

« Nous sommes si présomptueux, disait Blaise Pascal, que nous voudrions être connus de toute la terre ».

Dans cette quête de reconnaissance, le seul fait d’imaginer que l’on nous juge négativement est une blessure mortelle. Nos proches, évidemment, doivent nous admirer de façon inconditionnelle. Nos relations, amis ou collègues de travail, sont sensés adhérer à l’image que nous leur offrons. Quant aux personnes croisées épisodiquement, elles remarquent fatalement notre charisme, notre charme, notre personnalité.

Dans l’idéal, si la vie était parfaite, le reproche n’existerait pas. Nous serions spirituel, sympathique, talentueux, élégant, et personne, jamais, n’aurait idée de faire la moindre remarque…dans l’idéal !

SEUL CONTRE TOUS

Aujourd’hui on suppose qu’il y a une base génétique à l’hyperémotivité, même si l’environnement joue un rôle prépondérant.

En psychologie, on parle de « tempérament », à savoir les fondations de notre personnalité. Il y a des natures sensibles, et une personne sur cinq serait ultrasensible, à fleur de peau, écorchée vive.

Ce n’est pas tant la situation qui déclenche notre émotion que l’analyse que nous en faisons. Mais, face à un même évènement, deux personnes de tempéraments similaires réagissent différemment. La personne qui développe une propension à la  susceptibilité a tendance à penser négativement et le reproche peut déclencher chez elle un tumulte assourdissant.

Certains s’enferment dans un ghetto et leur sensibilité devient de la paranoïa.

Toute situation, même insignifiante, peut provoquer un microtraumatisme chez la personne susceptible. Les mots qui tuent sont légion, l’indifférence est mal vécue, le manque de considération est un affront, le rejet, un choc. « On ne peut rien lui dire », soupirent les proches, tant cette personne est sur le pied de guerre, constamment sur le qui vive, prête à mordre,  à fuir, ou à se justifier maladroitement.

Ces réactions l’épuisent et fatiguent les autres qui en ont assez de faire attention, de choisir leur vocabulaire, et finissent par décréter que c’est un fichu mauvais caractère.

Enervement, rancune, incompréhension, état d’alerte permanent, la vie de la personne réellement susceptible peut devenir un enfer. Car c’est une histoire qui n’en finit pas. De vexations en  brimades, on est entraîné dans une spirale infernale. Si la sensibilité est inscrite dans nos gènes, la susceptibilité, elle, n’est pas une fatalité. On ne naît pas susceptible, on le devient : des études ont démontré que des enfants choyés et valorisés par leurs parents pouvaient devenir des adultes ombrageux. Ce sont notre éducation, nos relations, nos expériences qui forgent notre personnalité.

Il est donc essentiel de prendre du recul et de se dire que toute remarque, positive ou négative, nous donne la preuve que l’on existe aux yeux de l’autre. Critiques et moqueries sont des marques d’attention dont nous avons besoin pour exister. Il faut essayer de relativiser, de ne pas faire une affaire personnelle du moindre reproche, de ne jamais oublier que notre interlocuteur, à travers ses propos, nous parle aussi de lui-même.

Et se répéter ce que chantait si bien Gainsbourg : « Qu’importe le temps, Qu’emporte le vent, Mieux vaut ton absence, Que ton indifférence… »

L’homéopathie pour aller mieux

-ARNICA MONTANA : il relie l’état actuel à un stress psychoaffectif plus ancien. Le sujet a mémorisé sa douleur, et cela réactive son émotivité..

-AURUM METALLICUM : la personne se sent inférieure, coupable, son agressivité se transforme en désintérêt..

-CHAMOMILLA : sujet caractériel, à bout de nerfs, dont les douleurs engendrent une vive anxiété, une intolérance à tout.

-COFFEA CRUDA : hyperexcitabilité, sensibilité au bruit et activité incessante de l’esprit, la sensation douloureuse et émotionnelle est maximale, le sujet ne pense qu’à ça.

-IGNATIA : sujet hypersensible, émotif, d’humeur changeante. L’état général est amélioré par la distraction.

-LACHESIS : l’hypersensibilité nerveuse, les douleurs sont battantes (migraines) avec intolérance aux lieux clos. Irritabilité et colère sont fréquentes.

-NITRICUM ACIDUM : sujet fatigué, rancunier, anxieux pour sa santé. sensibilité au bruit et intolérance au moindre dérangement.

-NUX VOMICA : sujet excitable, irritable… Les douleurs sont aggravées par le stress, la contradiction…

-PHOSPHORUS : sujet hypersensible, passionné, intense qui réagit à tout,  lumière, odeurs, contact physique…

-PULSATILLA : sujet émotionnellement émotif, fragile qui a des les douleurs changeantes et erratiques.

-SILICEA : sujet de constitution fragile, obstiné et tenace.

-STAPHYSAGRIA : colère rentrée, rancune, indignation, tout est sur un fond obsessionnel.