Sms, messages vocaux, mails, téléphone, radio, GPS, Facebook ou Twitter, Google, nous sommes hyper-connectés à longueur de journée, démultipliés, amenés à jongler avec des activités variées qui nous épuisent sans que nous nous en rendions compte.

A chaque changement d’activité, le cortex préfrontal (situé derrière les yeux, il coordonne les fonctions cognitives, les comportements et les émotions) se mobilise et brûle du glucose, carburant dont notre cerveau a le plus grand besoin.

Un épuisement inévitable

Nous nous livrons quotidiennement à cette gymnastique parce que nous en tirons du plaisir, et le cerveau sécrète de la dopamine à tours de bras. Mais plus on change d’activité souvent, plus cette habitude se transforme en addiction. Nos réserves de glucose diminuent, la production de cortisol et d’adrénaline explose et on va droit dans le mur.

D’où ensuite, un comportement irascible, de l’anxiété, un épuisement physique, et, pire encore, des pertes cognitives.

Rappelons-nous que le cerveau d’un adulte moyen pèse environ 1,4 kilogramme, soit seulement 2% du poids de corps total, et pourtant il nécessite 20% de notre métabolisme de base au repos (soit la quantité d’énergie totale que nos corps dépensent en une journée de farniente).

Le syndrome de la dispersion est un mal universellement partagé dans de nombreux secteurs de travail. Elle fatigue, déboussole et démoralise. Pour survivre, tout animal doit à la fois se concentrer sur ce qu’il fait et se montrer attentif à son environnement. Le cerveau humain ne cesse d’osciller entre une attention focalisée sur ce qu’il est en train de faire et une vigilance aux sollicitations de l’environnement. En fait la dispersion découle de la distraction qui consiste à laisser son esprit se détourner de ce qui devrait l’occuper.

Dans un article paru dans le « Harvard Business Review », le psychiatre américain Edward M. Hallowell soutient que le multitâche provoque un phénomène neurologique qui s’apparente au trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et qu’il nomme Attention Deficit Trait (ADT).

D’où l’importance d’être à l’écoute de certains signes, comme la fatigue chronique ou un niveau de stress trop élevé.

Le multitâche modifie notre cerveau

Selon une étude en neuro-imagerie, les personnes qui s’adonnent fréquemment à des activités multitâche présenteraient un déficit de matière grise dans le cortex cingulaire antérieur, une région qui joue notamment un rôle important dans le traitement des émotions.

De précédents travaux avaient montré que le fait de s’adonner de façon très régulière à des activités multitâche était associé avec la présence de dysfonctionnements émotionnels, comme la dépression et les troubles anxieux.

« Le mauvais multitâche, précise Jean-Philippe Lachaux, Directeur de recherche en neurosciences cognitives, consiste à faire deux choses qui demandent un suivi précis de l’attention ou de la mémoire. C’est un peu comme si un nageur essayait de nager la brasse et le crawl en même temps. Une création de conflit se produit dans le cerveau et la simultanéité des deux actions devient impossible.« 

Une étude scientifique d’Etienne Koechlin et Sylvain Charron, publiée dans la revue « Science », montre que le cerveau humain rencontre certaines difficultés à traiter plus de trois tâches en même temps.

(Sources: Principes de Santé, mars 2015/oserchanger.com/changerletravail.fr/numerama.com)

A lire: « Le Cerveau attentif : contrôle, maîtrise et lâcher-prise » de J.P. Lachaux