Il y a 30 ans, les français dormaient 1H1/2 de plus qu’aujourd’hui, c’est-à-dire qu’ils faisaient des nuits de 8H30. Si notre sommeil est plus court, autant qu’il soit réparateur. L’exercice physique induit un besoin de récupération et de sommeil. Encore faut-il se bouger en respectant quelques règles d’or.

L’alternance activité-repos est inscrite dans le programme génétique de nos cellules. On parle « d’homéostasie prédictive». Plus la cellule consomme d’énergie plus elle se repose. Les fondements de l’activité cellulaire semblent mettent en évidence l’intérêt du sport pour basculer vers un sommeil réparateur.

On a même démontré l’existence d’une « substance inductrice du sommeil » produite par le système nerveux et dont la synthèse serait favorisée par l’exercice. L’expérience a consisté à obliger des chèvres à se tenir en équilibre et à bouger pendant de longues heures. Dans ces conditions, elles ne pouvaient pas s’endormir. A l’issue de la manœuvre, les chercheurs ont prélevé le liquide céphalo-rachidien qui baigne le système nerveux des animaux cobayes.  Il l’ont injecté dans le cerveau de chèvres qui n’avaient pas été contrainte à cet exercice : elles ont rapidement plongé dans un profond sommeil.

Notre corps et nos cellules font varier l’intensité de leurs activités en suivant la cadence proposés par des « donneurs de temps » appelés aussi « synchroniseurs ». Selon, le professeur REINBERG, responsable de l’unité de chronobiologie de la fondation Rothschild à Paris, les deux principaux synchroniseurs sont le lumière et l’activité physique.

Autrefois la lumière rythmait nos jours

Bien évidemment, le soleil illuminant la terre donne le tempo du fonctionnement de nos cellules. Aux racines de l’évolution, les premiers végétaux bénéficiant de la photosynthèse, ont suivi le va et vient de la lumière.

Lors des expériences d’isolement notre rythme spontané reste proche de vingt quatre heure. En 1972, Michel Siffre est resté 205 jours enfermé dans une grotte au Texas. Sans aucun contact avec l’extérieur, il notait l’ensemble de ses faits et gestes : repas, exercice physique, travail, sommeil. Dans ces conditions, la durée de sa « journée biologique » se situait aux environ de 24 heures et 30 minutes.

Le soleil rythme aussi les saisons. Dans le monde du vivant, l’exercice physique et le repos mais aussi le sommeil varie pendant l’année. On parle de « rythme circannuel ». Le plus marqué est celui des animaux hibernant.

Aujourd’hui l’activité rythme nos jours !

A minuit, beaucoup dorment que depuis peu de temps. Pourtant, comme son étymologie l’indique, minuit se situait autrefois, au milieu de la nuit. Au moyen âge, nous nous couchions vers 20 heures. A cette heure, l’obscurité croissante rendait toute activité impossible. Vers 4 heures du matin, dès le lever du soleil, la vie reprenait son cours.

Au 19ème siècle, l’électricité est venue chambouler notre sommeil. La lumière artificielle a permis de poursuivre notre activité indépendamment des rythmes imposés par le jour et la nuit.

Bien sûr, la lumière provenant de l’électricité n’a pas la même couleur ni la même intensité que celle issue du soleil. Elle se révèle moins efficace pour nous tenir éveillé et pour nous rendre notre bonne humeur estivale. Néanmoins, elle est suffisante pour nous permettre de bouger ! Ainsi, les «synchroniseurs sociaux» parviennent à prendre le pouvoir pour gérer nos vies.

Eté comme hiver, les horaires des entreprises sont identiques et les dîners entre amis sont toujours prévus aux mêmes heures. Bref, l’activité humaine se poursuit malgré la nuit ! L’entrainement des sportifs peut avoir lieu le soir et son corps s’activer sous le feu des projecteurs qui illumine le terrain.

LUMINOTHERAPIE ET SPORT

L’exercice physique et la lumière s’associent pour accroître notre vigilance. Alors pour démarrer la journée rien de tel qu’un cocktail stimulant.

Au cœur de l’hiver, quand sonne le réveil, il fait encore nuit.  Rien de tel qu’un peu de gymnastique ou de vélo d’appartement dans une pièce baignée d’une lampe de luminothérapie.

Cette dernière reproduit la lumière blanche du soleil. Sa puissance est suffisante pour influencer notre système nerveux et freiner la sécrétion de Mélatonine nocturne.

Lorsqu’une fatigue profonde s’installe, seul l’exercice physique permet de résister à l’endormissement.

Ainsi, Peter TRIP est DJ et recordman du monde. En animant son émission de radio, il est parvenu a resté éveillé pendant 200 heures consécutives. Lors des derniers jours de son expérience, il a été obligé de bouger et de marcher en permanence. Dés qu’il était immobile,  il glissait dans une torpeur qui aurait pu se révéler fatale à son exploit !

Le cerveau est tenu en éveil grâce à l’ensemble des informations qui lui parviennent. Quatre vingt dix pour cent d’entre elles sont issue de la vision ! D’où l’influence de la lumière sur la vigilance.

L’ALTERNANCE DE L’ACTIVITE ET DU REPOS  

En 1937, LOOMIS, HARVEY et HOBART découvrent que le cerveau produit un courant électrique dont les caractéristiques varient en fonction de l’état de vigilance de l’individu. Quand ce dernier est éveillé, ils enregistrent de multiples petites pointes particulièrement rapprochées. Tout ce passe comme si chaque neurone entrait en action indépendamment l’un de l’autre afin de gérer une information ou une action. Lorsque la patient dort, ils constatent la présence de grandes ondes beaucoup moins fréquentes, comme si les cellules nerveuses pouvaient se reposer et battre à l’unisson compte tenu de la réduction des influx à gérer.

Activité et repos alternent même pendant notre sommeil !

DU SPORT POUR MIEUX DORMIR

Dès qu’un nourrisson ouvre les yeux, il est assailli d’informations nouvelles sur le monde qui l’entoure. Quand sommeil revient, il lui faut les enregistrer et les ranger. Voilà qui justifie en grande partie, pourquoi un nouveau né dort vingt heures par jour !

L’adulte expérimenté dort de moins en moins. Comme si son cerveau blasé cessait de mémoriser des informations maintes fois répétées, son sommeil paradoxal n’est plus prioritaire. Il se réduit et se trouve refoulé en fin de nuit.

Le sommeil profond s’associe à la sécrétion d’hormone de croissance même chez l’adulte. Tout au long de la vie, elle stimule la construction et la réparation de tous les organes. Les fibres musculaires malmenées par les séances de gymnastique se reconstruisent plus fortes. Les réserves de sucres intramusculaires épuisées par les kilomètres de vélo se reconstituent en quantité supérieure et l’on gagne en endurance. Le sommeil profond se révèle très utile aux sportifs qui souhaitent optimiser leur récupération.

Il a été démontré que les coureurs de fond voyaient la durée de leur sommeil profond augmentées. Chez le sportif aussi, il est très probable que les messagers chimiques de la fatigues accumulés pendant l’effort enclenche, le moment venu, un sommeil plus profond et plus réparateur.

Toutes les phases de sommeil sont bénéfiques pour le sportif. Elles se montrent même complémentaires. Schématiquement, on peut concevoir que le « sommeil profond » permet au corps du sportif de se régénérer et de se réparer alors que le «sommeil paradoxal» favorise la récupération du cerveau en assimilant et en révisant les gestes techniques.