Une fois passée la phase d’excitation due aux catécholamines du « choc amoureux » (le fameux coup de foudre), le cerveau émotionnel s’installe dans un état « d’euphorie-dépendance ».

Pour la personne amoureuse cette phase correspond à une période de bonheur liée à la présence de l’autre. Cela lui procure une joie intérieure, très différente de l’excitation amoureuse du début, faite de calme et de sérénité. Mais cette présence de l’autre devient peu à peu nécessaire, puis indispensable. Son absence crée un état d’angoisse, les séparations, même temporaires, entraînent un état de malaise fait d’ennui, d’anxiété, de désintérêt pour le monde extérieur.

L’amour est vraiment une drogue : quand on tombe amoureux, les neurones sont bombardés d’endorphines et de dopamine en quantités inhabituelles.

Et lors d’un chagrin d’amour, le cerveau est subitement privé d’endorphines et de dopamine, le fonctionnement des neurones est très perturbé. D’où un mal-être, des douleurs physiques et mentales.

L’hypothèse de la saturation du cerveau émotionnel en endorphines lors du bonheur amoureux explique le phénomène que représente le chagrin d’amour qui suit une rupture amoureuse.

Le comportement de la personne délaissée par l’être qu’elle aime présente des signes tout à fait ressemblants avec ceux observés chez les drogués en manque de morphine : anxiété, insomnie, agitation, irritabilité, parfois même agressivité, suivis souvent de prostration, et de désintérêt pour le reste du monde.

La rupture amoureuse correspondrait donc à un véritable « sevrage » brutal en endorphines du cerveau émotionnel et le chagrin d’amour à un « manque » en morphines endogènes ?

Toutes les personnes ayant subi un choc affectif ou un abandon amoureux brutal parlent de la « souffrance » qu’elles ressentent. Cette souffrance, morale et non physique, est bien connue des psychiatres qui soignent des déprimés. L’âme humaine est infiniment plus vulnérable que le corps et les traumatismes qu’elle subit tellement plus pénibles.

Des expérimentations on démontré que lors d’un chagrin d’amour, 29% souffriraient d’un manque d’énergie, 25% d’insomnies et 19% d’une baisse d’appétit (hommes et femmes confondus). Mis bout à bout, il est intéressant de constater que ces symptômes correspondent en tous points à des symptômes dits « dépressifs ». On se sent mal, on n’a envie de rien, on a du mal à dormir et on perd l’appétit…

La douleur vient aussi du fait qu’une blessure narcissique s’est réactivée. On n’est « pas digne d’être aimé ». Cette pensée est douloureuse et objectivement injustifiée ! Il faut donc réapprendre à vivre sans l’autre.

Toute notre vie sentimentale est en rapport avec l’activité du cerveau. Les émotions sont nécessaires à tout organisme animal et à l’être humain en particulier. Elles stimulent l’activité biologique face à une circonstance extérieure qui réclame une réponse efficace. Le système cardiaque et la respiration s’accélèrent, les réserves biochimiques se déversent dans le sang pour apporter aux muscles et aux organes un surplus d’énergie. L’émotion répond à la rencontre d’un objet ou d’une situation qui met en jeu la survie de l’individu ou de l’espèce. Telle est la raison d’être de la peur, de la faim, de la colère ou… de l’amour. Notre cerveau est « câblé » pour se mettre en état d’émotion dès la réception du signal, direct ou symbolique. Une rupture amoureuse est alors une véritable douleur biologique de sevrage opiacé brutal.

La réponse à la douleur de la séparation n’est jamais pas même chez tous les individus. Certains repartent rapidement en quête d’une nouvelle « conquête« , ou de nouveaux plaisirs, d’explorations diverses. La « fuite dans le travail « , grand classique, permet de panser ses plaies et de laisser faire le temps.

Heureusement, contrairement à la fameuse rengaine « Plaisir d’amour ne dure qu’un moment », et bien non, chagrin d’amour ne dure pas toute la vie…