L’amour, comme remède universel ? Cette notion de l’« Amour médecin » ne date pas de Molière : elle lui est en fait bien antérieure, et nous ne faisons actuellement que redécouvrir des vérités vieilles de plus de… deux mille ans.
Socrate et Platon, à la différence d’Épicure, qui préférait raréfier le plaisir pour mieux le savourer, avaient en effet, comme leurs concitoyens helléniques, vis-à-vis de l’amour physique une attitude faite de sérénité et de joie, dénuée de toute gêne et de tout complexe.
Une fois passée la phase d’excitation due aux catécholamines du « choc amoureux », le cerveau émotionnel s’installe dans un état que l’on pourrait qualifier d’euphorie-dépendance.
Une euphorie qui crée une dépendance
En effet, cette phase correspond, pour la personne amoureuse, à une période de bonheur liée à la présence de l’autre : à elle seule, elle suffit à donner une joie intérieure, tout à fait différente de l’excitation amoureuse initiale, faite de calme et de sérénité. Mais cette présence, de suffisante, devient peu à peu nécessaire, puis indispensable.
L’absence de l’être aimé crée alors un état d’angoisse que seul son retour apaise. Les séparations, même temporaires, entraînent un état de malaise psychologique, fait d’ennui, d’anxiété, de désintérêt pour le monde extérieur, mais aussi physique : troubles de l’appétit, du sommeil, irritabilité et énervement. Seules les retrouvailles calment cet état, mais en revanche de façon remarquablement rapide, avec réapparition quasi immédiate de l’euphorie et du bonheur.
Le « lien » amoureux n’est donc pas seulement psychologique, il est aussi biologique.
L’hypothèse de la saturation du cerveau émotionnel en endorphines lors du bonheur amoureux expliquerait le phénomène que représente le chagrin d’amour qui suit une rupture amoureuse.
Chagrin d’amour : un état de manque
Le comportement de la personne abandonnée par l’être qu’elle aime présente des signes tout à fait ressemblants avec ceux observés chez les drogués en manque de morphine : anxiété permanente, insomnie, agitation, irritabilité, agressivité à l’égard de son entourage, troubles auxquels succède une phase de repli, de prostration, de désintérêt pour le reste du monde.
Toutes les personnes ayant subi un choc affectif ou un abandon amoureux brutal parlent de la « souffrance » qu’elles ressentent. Cette souffrance, morale et non physique, est bien connue des psychiatres qui soignent des déprimés. Elle est tout aussi réelle que la douleur ressentie sur un membre ou un organe, si ce n’est plus. L’âme humaine est infiniment plus vulnérable que le corps et les traumatismes qu’elle subit ô combien plus pénibles.
Lors d’un chagrin d’amour, 29% souffriraient d’un manque d’énergie, 25% d’insomnies et 19% d’une baisse d’appétit (hommes et femmes confondus). Finalement, nul n’a besoin d’être fin psychologue pour s’apercevoir que pris séparément les uns des autres, ces symptômes expriment un mal être. Mais mis bout à bout, il devient intéressant de constater qu’ils décrivent des symptômes dits « dépressifs ».