Balzac, jamais de crampe à la main !

La crampe de l’écrivain est une dystonie segmentaire (contracture musculaire intense) qui touche le membre supérieur dominant et plus particulièrement les muscles du poignet et des doigts.

Elle perturbe l’écriture alors que tous les autres gestes fonctionnels qui impliquent l’utilisation de ces mêmes muscles n’en sont pas affectés. Elle se manifeste dès les premiers mots ou après plusieurs lignes, selon le degré de gravité de la dystonie.

Le membre supérieur prend des postures anormales dont les plus fréquemment rencontrées sont, l’écartement et la flexion du coude, une forte pronation (mouvement par lequel on tourne la main du dehors en dedans) de l’avant-bras, une flexion ou une extension du poignet, une crispation des doigts sur le stylo, l’élévation d’un ou de plusieurs des doigts assurant la tenue du stylo.

Les différentes attitudes pathologiques prises par le membre supérieur au cours de l’écriture rendent difficile ou impossible la poursuite de l’écriture. Le déplacement du stylo sur la feuille est obtenu grâce à des mouvements compensatoires de l’épaule qui rendent la fonction d’écriture pénible et maladroite et le message écrit peu ou pas lisible.

La gêne est en générale indolore, ce qui la différencie des syndromes de sur-utilisation, conséquences d’un excès d’écriture associé ou non à un défaut du geste.

Parmi les professions les plus touchées on rencontre les enseignants, les médecins et les comptables. Certaines conditions d’écriture favorisent la survenue de la dystonie comme l’utilisation de papier carbone ou une écriture très contrainte par l’utilisation de formulaires à remplir de manière rigoureuse et calibrée.

Selon le Dr Stephane Lehéricy, directeur du Centre de recherche en neuroimagerie à l’Hopital de la Pitié Salpétrière, des analyses montrent que la perte du contrôle musculaire pourrait être d’ordre neuronal, affectant certaines régions du cerveau, et se répercutant sur la main.

Son équipe a ainsi mené une série de tests sur 26 personnes souffrant de ce mal et 26 autres en bonne santé. Les scanners montrent alors clairement que la matière blanche du cerveau, qui est constituée de fibres blanches myélinisées serait en cause dans la crampe de l’écrivain.

Ces fibres que l’on retrouve dans le cerveau et la moelle épinière présentent donc des anomalies qui gênent la transmission des informations depuis le cerveau et la coordination des gestes.

Étant donné qu’il n’existe aucun traitement pour ce mal, une telle information peut s’avérer capitale et nécessite des recherches plus approfondies pour parvenir à l’élaboration d’une solution future.