La saignée existe depuis la nuits des temps. Elle découle de la théorie des humeurs , l’une des bases de la théorie antique, mise au point par Hippocrate et Galien. Hippocrate traitait les hémorragies utérines, les angines et l’arthrite par la saignée.

Mais l’art de la saignée a connu ses heures de gloire bien avant Hippocrate au Ve siècle av. J.-C.. Au Moyen-âge, des chirurgiens (comme Badois) se spécialisèrent dans cet art du bain de sang.

Il existait 4 humeurs du corps et l’instabilité de l’une d’elle était la cause des maladies physiques mais aussi psychiques. Hippocrate rattachait chacune de ces quatre humeurs à un organe.

Le défaut ou l’excès de ces humeurs étaient donc compris comme un déséquilibre qu’il fallait rectifier selon les cas. La saignée était faite par l’ouverture d’une veine ou par l’application de sangsues sur le corps pour qu’elles sucent le sang.
On saignait les malades mais aussi, de manière préventive, les moines en bonne santé, qui se saignaient ainsi en moyenne quatre fois par an ( à l’abbaye de Cluny par exemple). Il y avait souvent un bâtiment destiné à cet effet, appelé « maison des saignées« .

Pour rééquilibre le corps, il fallait rectifier l’excès ou le défaut d’humeur, d’ou la saignée faite par ouverture d’une veine (Phlébotomie) ou l’application de sangsues sur le corps pour qu’elles sucent le sang.

Les 4 humeurs

A l’époque, les méthodes de traitement reposaient encore sur la doctrine des 4 humeurs : le sang, la bile blanche et noire, et les sécrétions des muqueuses. On tenait alors les excès de sécrétions pour la cause de fièvres et infections (au milieu du XIVe siècle, on pensait que les maladies résultaient d’une hyperexcitation nerveuse).

La saignée était généralement abondante. De 16 à 30 onces (l’once était une unité de poids ancienne avec des valeurs comprises entre 24 et 33 gr) étaient d’usage pour quiconque souffrait de « mauvaises humeurs« .

Une règle d’or stipulait qu’il fallait prolonger la saignée jusqu’à l’inconscience. La peau rosée du patient était alors pâle, le pouls passait d’un battement de 90 à 120, la fièvre baissait et la nervosité du patient laissait la place à un état proche de l’état de choc.

Déclin et renouveau

À partir de la Renaissance, la saignée a connu une grande popularité jusqu’à devenir une véritable panacée au XVIIème siècle. Très critiquée à partir du XVIIIème siècle, on l’utilise seulement dans des maladies comme l’apoplexie, la pneumonie, ou l’œdème du poumon. Au début du XIXème siècle, la théorie humorale (selon laquelle la santé de l’âme comme celle du corps réside dans l’équilibre des humeurs) tend à disparaître et on pratique rarement la saignée  sauf pour apaiser les crises de goutte.

Aujourd’hui la saignée reste le traitement de référence pour l’hémochromatose, maladie le plus souvent héréditaire, qui provoque une surcharge en fer de l’organisme. Très peu dépistée, cette maladie touche pourtant un français sur 300. Elle apparaît vers 40 ans et ses symptômes (fatigue chronique, douleurs articulaires, teint jaune) plutôt flous et mal identifiables, sont pourtant les signes précurseurs de complications telles que le diabète, un carcinome hépatique, de l’ostéoporose, ou un hypogonadisme.

Seule solution: une saignée hebdomadaire, effectuée à l’hôpital. Ce traitement ne guérit pas l’hémochromatose mais, effectué avec régularité, il compense l’absorption excessive de fer par l’intestin et permet ainsi de stabiliser les taux de fer à des valeurs normales.

(Sources: saignee-tpe.blogspot.fr/ vivre-au-moyen-age.over-blog.com/hemochromatose.fr)