Clef de la vie, le narcissisme se construit dès l’enfance, selon le psychanalyste Claude Halmos. A l’ère de l’individualisme triomphant, l’amour de soi prend figure de devoir.

Aujourd’hui, la psychologie moderne affirme que s’aimer un minimum est indispensable pour éprouver du plaisir et trouver du charme à la vie.

« Le bonheur est le privilège de ceux qui savent cultiver les illusions positives, déclarent les psychiatres américains Robert Ornstein et David Sobel, et sont capables de s’estimer plus intelligents et plus compétents qu’ils ne le sont ».

Le narcissisme, ou amour de soi-même, d’après la fascination qu’exerçait sur  Narcisse sa propre image, est, pour la  psychanalyse, l’un des concepts les plus nécessaires à la compréhension de processus fondamentaux tels que le rêve ou la psychose.

Et pourtant l’amour de soi paraît suspect, foncièrement égoïste car il n’y a pas d’aspiration morale dans cet amour, mais une auto-contemplation presqu’indécente. Le narcissique vit dans un monde de miroirs, où chaque chose est une image de soi, chaque amour une représentation du moi.

Pour la plupart d’entre nous, le narcissisme désigne l’amour de soi ou l’importance excessive accordée à « l’image » de soi. C’est Sigmund Freud qui a introduit en 1914 cette notion dans sa métapsychologie.

Le pervers narcissique, selon le terme du psychanalyste P.-C. Racamier, est la personnalité décrite ailleurs comme souffrant de narcissisme pathologique.

Les pervers narcissiques sont considérés comme des psychotiques sans symptômes, qui trouvent leur équilibre en déchargeant sur un autre les contradictions internes qu’ils refusent de percevoir. Ils «ne font pas exprès» de faire mal, ils font mal parce qu’ils ne savent pas faire autrement pour exister. Ils ont eux-mêmes été blessés dans leur enfance et essaient de se maintenir ainsi en vie. Ce transfert de douleur leur permet de se valoriser aux dépens d’autrui.

La personnalité narcissique est caractérisée par un sentiment de supériorité par rapport aux autres, un besoin d’être admiré et un manque d’empathie.

S’aimer est sain mais quand cet amour envers soi devient un investissement fermé, il provoque chez la personne une tendance à interpréter la réalité en fonction de sa propre personne. La personne vivant avec un trouble de la personnalité narcissique est très centrée sur elle-même et a constamment besoin d’être le centre d’attention des autres.

Les traits narcissiques sont fréquents chez les adolescents car c’est une période où ils se cherchent et ont besoin de s’affirmer. Mais à l’âge adulte l’autosatisfaction permanente, l’arrogance et l’excès d’estime de soi renforcé par une réussite professionnelle et parfois une ascension sociale deviennent encombrants pour les autres.

Ceux-ci n’étant là que pour admirer, bader, mettre en valeur, n’ont en retour aucune considération. Le narcissique a besoin de contrôler, de critiquer, est intransigeant, exigeant vis-à-vis de son entourage, ambitieux. Il ne supporte pas l’échec ni les désaccords.

Il est unique et en tant que tel, peut se sentir humilié, marginalisé.

Les causes de ce trouble de la personnalité, se trouveraient selon les uns dans l’enfance, selon les autres, dans une anomalie au cours du  développement naturel de ce qui s’appelle l’empathie.