Bien que la graphologie soit encore très prisée dans les entreprises pour les embauches, de nombreuses études scientifiques confirment que la graphologie est une imposture reposant sur une illusion psychologique.

La synthèse des recherches scientifiques consacrées à cette curiosité française qu’est la graphologie ne laisse plus aucune place au doute quant à son…inefficacité.

La graphologie est une technique qui prétend déduire les caractéristiques psychologiques d’un individu par l’analyse de son écriture manuscrite. À l’aide d’indices graphiques interprétés isolément ou regroupés en configurations, le graphologue est supposé parvenir à formuler une description psychologique du scripteur. Aujourd’hui, la France partage avec la Belgique le privilège d’être le pays ayant probablement le plus souvent recours à la graphologie au monde, notamment dans le domaine de la sélection du personnel et de la gestion des ressources humaines.

Les origines

L’idée que l’écriture révèle la personnalité profonde d’une personne est ancienne. Ainsi, en Chine, Confucius recommandait fermement de ne pas faire confiance à un homme « dont l’écriture oscille comme un roseau sous le vent ».

Les 1ers traités de graphologie datent du XVème siècle. Un peu plus tard, Gaspard Lavater (né en 1741), a défendu vigoureusement la graphologie et publié également un ouvrage volumineux, « L’art de connaître les hommes par la physionomie », ce qui plus tard prendra le nom de « morphopsychologie ».

Des raccourcis affligeants

La graphologie a été fondée officiellement en 1869 par un ecclésiastique, Jean-Hippolyte Michon, dont l’un des disciples publiera plus tard un ouvrage encore très recherché aujourd’hui, « l’ABC de la graphologie ».

L’analyse graphologique commence par une appréhension globale pour ensuite détailler des signes graphiques et enfin proposer une synthèse. Mais les mesures sont rudimentaires et les clichés sont légion : un t qui n’a pas de barre marque un manque de volonté. Une petite écriture signale « un moi qui se fait petit ». « Les avares ont une écriture serrée »…

Pas de diplôme

Le titre de graphologue n’est pas reconnu, tout le monde peut se proclamer expert en la matière. La Société Française de Graphologie propose un cursus de 210 heures de formation à tout titulaire du baccalauréat, mais rien ne vient témoigner de la qualité des certifiés.

Des études ont été menées, en Angleterre, et aux Etats-Unis, à l’Université catholique de Louvain,  à Londres,  afin d’évaluer le sérieux de la graphologie et son efficacité. Les résultats étaient désolants.

La place de la graphologie

Malgré tout, malgré une absence évidente de preuves de sa validité, la graphologie, surtout en France, conserve une place enviée.

Sans plus de crédibilité scientifique qu’une chiromancienne, certains graphologues continuent à  proposer leurs services dans des domaines où les réputations, les avancements professionnels et les emplois de tous peuvent être réellement affectés. Une société de cours par correspondance va même jusqu’à proposer des cours de graphologie pour faire de vous un « expert » en analyse de l’écriture, afin de lire dans la tête de vos semblables et en comprendre la psychologie, tout cela en quelques heures.

(A lire : « Cerveau et Psycho » / « La graphologie, un mal français » de Bruchon-Schweitzer)