Lisez « L’éloge du miséreux » aux Editions Michalon, l’auteur décrit un miséreux (chômeur ou RMiste) qui au lieu de se lamenter sur sa misère, la prend comme une chance pour profiter de son seul luxe : le temps libre.

Ce livre, drôle et distancié, n’est pas seulement une provocation car, finalement, la vraie question ne serait-elle pas celle-ci: doit-on travailler pour travailler comme une petite fourmi ou une abeille dans une ruche,  ou doit-on travailler pour s’épanouir ?

Travailler moins présente déjà un énorme avantage: moins de stress et peu de risque de surmenage. Donc moins de risque d’insomnie, de troubles du comportement, de problèmes cardiovasculaires et de déclin cognitif.

Selon une enquête menée auprés de 2200 hommes et femmes âgés de 35 à 55 ans, ceux qui travaillent plus de 55h par semaine ont eu des scores bien plus mauvais à des tests de vocabulaires et de raisonnement que les individus travaillant seulement 40h par semaine.

On nous dit, on nous rabâche: pour vieillir mieux et moins vite, mangez moins, bougez plus, courez, pensez…mais personne ne nous conseille de travailler moins. On nous a dit: travaillez plus pour gagner plus, tu parles, on sera tellement épuisés qu’on ne profitera de rien.

L’auteur de « L’art difficile de ne presque rien faire « , édité par les éditions Denoël, soutient que nous devenons « stériles par crainte obsessionnelle de ne pas être assez productifs« .

Et oui, le monde appartient aux besogneux. Et ceux qui savent tout faire ont un avenir radieux: « pourquoi ne suis-je pas plombier,  soupire un diplômé de grandes écoles dans la galère, ou carreleur, ou électricien »…Et pourquoi pas « taupier », je dis, moi, finement. Celui qui n’habite pas à la campagne, ne connait pas la détresse du citadin face à son jardin transformé en champ de mines. Et là, devant des tranchées dignes de la guerre de 14, il faut appeler qui ? Un « taupier », métier trés rare, car demandant du doigté et une connaissance approfondie des habitudes de ces bestioles non-voyantes mais tellement bosseuses.

Le monde donc, est aux gens occupés. Bombardés d’informations, croulant sous les mails et l’ordinateur engorgé de  textos, l’agenda « booké » à mort et l’ipod dans la poche avec accés immédiat à internet, on devient irrité, distrait, sujet aux trous de mémoire.  Courbés sous la tâche, sujets à un début de burnout ou à ce qui ressemblerait à une petite fibromyalgie, on se prend à rêver à un repos réparateur, les doigts de pied en éventail, un long repos , non pas le repos éternel mais celui qui nous dispenserait de nous comporter comme des robots au disque dur préformaté.