Marcher est à la fois une mécanique exemplaire et une fonction banale. On ne réfléchit pas à comment on va marcher, en règle générale le mouvement se produit automatiquement, c’est une opération qui va de soi.

On apprend à marcher au tout début de sa vie, sans en conserver le moindre souvenir, à peu près en même temps qu’on apprend à parler. Il semble d’ailleurs que les deux apprentissages ne puissent se faire simultanément, mais l’un après l’autre.
On peut à certains égards considérer qu’il n’y a pas énormément de façons de marcher : sauf cas accidentel ou spectaculaire, on ne marche pas en rond, ni en zigzag, ni encore à reculons, ni même en piétinant ou en effectuant un pas de danse.  On marche en général d’arrière en avant, en ligne plus ou moins droite.

Le caractère est déterminant

La façon de marcher varie étroitement avec le caractère du marcheur. Il y a la marche pressée, la marche décontractée, la marche sautillante et la marche ondulante, la marche dansante ou la marche décidée, la marche sur la pointe des pieds, la marche droite, l’irrégulière, la monotone, la marche à à grands pas…

Marcher est une manière à soi d’occuper l’espace. Qu’est-ce qui fait qu’on va marcher plutôt au milieu du trottoir, au bord de la route ou le long du mur ? L’audace, la prudence, la peur ?

On ne marche pas de la même façon quand on est seul, à deux ou à plusieurs, ni quand on progresse dans la foule ou isolément sur le trottoir. La façon de marcher, bien sûr, dépend beaucoup du rythme : marcher vite, ce n’est pas courir.  Marcher vite ne veut pas forcément dire qu’on est en retard, mais peut-être simplement que c’est notre rythme à nous, comme d’autres ont une cadence plus lente ou des foulées plus longues. On marche du reste inégalement suivant les saisons, et cette façon nonchalante de flâner dès les premières chaleurs a peu de chose à voir avec la démarche étriquée du corps raide en hiver.

Les émotions

L’état émotionnel a un impact sur notre façon de marcher. Des psychologues de l’Université de Mayence, en Allemagne, ont demandé à des étudiants de se mettre dans des états différents : tristesse, angoisse, bonheur, indifférence. Leur démarche a été filmée et projetée à un public qui a réussi a déterminer chacun de ces états d’humeur. Puis les marcheurs, avant de démarrer, ont écouté des musiques différentes, relaxante ou énergisante. Là encore les observateurs, en voyant le film de leur démarche ensuite, ont su quelle musique ils avaient écoutée.

Le détail le plus évident semblait être la fluidité des mouvements, notamment dans les rotations d’épaules et du bassin. En effet les émotions négatives (tristesse, angoisse) ralentissent le mouvement et surtout rompent la fluidité des mouvements.

Des chercheurs de l’Université de Yale ont démontré que la démarche d’un homme jeune peut être « vieillie » si on lui fait lire des mots évoquant la vieillesse. Les individus ayant lus des mots tels que « vieux, grincheux, fatigué, seul, dépendant », ont ensuite marché plus lentement et en courbant le dos.

Ainsi la démarche renseigne sur des aspects essentiels de la personnalité : âge, vulnérabilité, confiance en soi, émotions…Ce qui fait penser que nos ancêtres, avant l’apparition du langage, connaissaient ce mode de communication instantanée.

(A consulter : pendantleweekend.net/ Psychologie et cerveau)