Tout change autour de nous: la mode, le vocabulaire, la maison, le bureau, les enfants et nous par la même occasion. Bousculés et sans repères, on se raccroche à ce qui semble authentique : les vieux meubles, l’alimentation bio, les médecines alternatives, et les amies, les vraies.

Du coup de foudre tardif à la trahison conjugale, des vacheries des collègues aux dérapages du fils aîné, nous partageons chaque moment de notre vie avec nos copines. Dans l’émotion comme dans la tourmente, elles sont le ponton auquel on peut s’amarrer.

Les amies d’enfance

Attention, marque déposée. Amie d’enfance : un  label qui déclare à tout le monde que là, c’est du solide. Comme la famille, mais en mieux, puisqu’on l’a choisie. Dans la tourmente de nos vies et de nos sentiments, telle un rocher, l’amie d’enfance reste la pierre d’angle d’une construction souvent fort érodée.

Rappel de notre passé, témoin de notre jeunesse, elle est là, disponible, à l’écoute. On se voit tous les 36 du mois ? Pas grave, le fil se renoue tout seul. On l’a perdue de vue depuis des années ? Peu importe. Une rencontre, c’est simple comme bonjour, tout recommence comme si on ne s’était jamais quittées.

L’enfance est le temps des serments, des échanges solennels où l’on se jure de mourir l’un pour l’autre. Le lien avec sa meilleure amie est intense et sincère. Cette affection, née quand on est encore très jeune, est immédiate et spontanée, on reconnaît l’autre, on est sûre de ne pas se tromper. L’enfant ne réfléchit pas, ne se protège pas. Ecoutant son instinct et son cœur, il donne tout, tout de suite.

Quand on grandit, l’amie reste une oreille attentive, un regard indulgent. Elle sait tout de nous et réciproquement. Cette connaissance mutuelle, ces expériences partagées, forgent un sentiment durable et très pur. Les années passent et la connivence devient évidente.

Après le bac à sable et les bancs de la fac, on se retrouve encore et toujours, pour évoquer le bon vieux temps ou mettre en place des stratégies de défense en cas d’avis de tempête. Nouée au temps du bonheur et de l’insouciance, le succès ou l’adversité révèle la profondeur de l’amitié. Argent, promotions, réussite familiale ne peuvent polluer une relation éthérée qui s’inscrivait dans la durée.

L’amitié est une promesse. Des peines de cœur aux contrats de travail en passant par les enfants, la tendresse d’un ami d’enfance ne faiblit jamais.

Les amis de bureau

Que faut-il attendre des amitiés au travail, la confiance et une certaine intimité ont-elles vraiment leur place au boulot, l’entreprise est-elle toujours une grande famille ou un terrain miné ?

Le travail est un bon moyen de s’intégrer socialement et l’ambiance qui règne au bureau est primordiale pour l’accomplissement personnel.  La bonne humeur, l’entraide, et la complicité permettent d’être plus efficaces. Oui, mais…il convient d’être prudent et de déjouer les pièges.

Premier obstacle et non des moindres, la situation de compétition : dans ce cas, l’ambition personnelle prend bien souvent le pas sur le respect et la loyauté. Trop copiner peut aussi créer des jalousies, des peurs, voire des commérages.

Quant à l’amitié entre patron et employée, attention danger : taxée par derrière de lèche-bottes,  la favorite du moment  est entourée d’attentions hypocrites et intéressées ou mise en quarantaine.

Selon la plupart des psys, l’amitié entre supérieur hiérarchique et employé est perverse, surtout quand elle se transforme en relation de maître à élève. De toutes façons, le travail et les collègues ne sont pas là pour répondre à des besoins affectifs. Il faut donc avoir une vie personnelle équilibrée pour ne pas s’investir trop au bureau. On évitera ainsi de dramatiser les petits conflits, de donner dans les confidences et de prêter le flanc aux cancans.

Pauses café, trajets dans le métro, coups de fil interminables, mails quotidiens, les femmes se sentent plus fortes dans l’échange. L’amitié est un choix où confiance et reconnaissance sont réciproques. L’entreprise n’oblige pas à partager son intimité, mais celle qui n’entre pas dans le jeu risque une sorte de mise au placard. Le tout est de trouver les bonnes personnes et de se protéger des intrusions abusives.

Les amis récents

Plus on avance en âge, plus il semble difficile de se faire des amis, des vrais. Henriette, antiquaire à Poitiers, se plaint de ne trouver que des gens ennuyeux dans le club de Scrabble qu’elle fréquente chaque semaine. Suzanne, veuve depuis peu, est convaincue que la vie sociale s’arrête à 60 ans et que seul son chat pourra combler le vide. Viviane et son mari, Hervé, sont persuadés qu’à partir d’un certain âge, on ne connaît les autres que superficiellement et pas pour longtemps.

N’est pas confident qui veut, si l’on veut recevoir, il faut savoir donner. Si l’un des protagonistes dévoile ses sentiments, ses émotions, sa part d’ombre, il devient vulnérable. A l’autre de se montrer à la hauteur.

« Se confier, analyse Violaine, c’est déchirer l’image que l’on veut donner au monde. La relation est basée sur la réciprocité, on sait que l’autre viendra à son tour chercher de l’aide. »

Quand les situations de vie changent, les barrières s’écroulent, certains interdits s’effacent, les masques tombent…

L’amitié se nourrit de mille choses, aller au cinéma, voir une exposition, défendre une cause…Il faut être disponible, tolérante, discrète, et savoir perdre la mémoire. Les confidences doivent vite se conjuguer au passé. Et surtout rester légères. Il faut s’arrêter là où commence le trouble, l’embarras, les anecdotes trop intimes et les secrets trop lourds.

Les meilleures amies

Parler de tout, s’amuser d’un rien, pleurer sur son épaule, demander conseil, critiquer les autres, dire des bêtises, en écouter, l’amitié est un engagement qui prend du temps.

Pas d’avarice chez les vraies copines, toujours prêtes à s’impliquer, de jour comme de nuit. Cependant, parfois, textos et répondeurs permettent de les urgences et de mettre les petits bobos de cœur en stand by. Sage mesure de précaution pour ménager ses amis et sa vie de famille. D’autant que souvent le plaignant ne cherche pas forcément un conseil mais plutôt une écoute.

«On oublie combien les amis sont précieux, déclare catégoriquement Adeline, 45 ans, mère de trois grands enfants. Parler avec ma meilleure amie, m’a permis d’éviter pas mal de disputes conjugales. Grâce à elle, j’ai réussi à séduire de nouveau mon mari. Et puis il y a les fous rires, cette complicité incroyable. Notre intimité, à nous les femmes, est presque physique. Et ça, les hommes ne le comprendront jamais ! »