Tout le monde connait l’expression « idiot du village ». Elle désignait un gamin, ou un « pauvre » homme malchanceux dont le cerveau avait tendance à tourner moins vite que celui des autres. C’était souvent une personne que les enfants persécutaient avec leur cruauté habituelle. Il devait faire face aux sobriquets en tous genres, aux farces d’assez mauvais goût et parfois à des blessures physiques, suite à des lancers de cailloux ou autres…

Avec l’exode rural, cette expression a connu un certain déclin et les idiots du village ne sont plus montrés du doigt dans une nouvelle société ou l’on ne connait même plus son voisin.

Pourtant, il y a encore quelques années, l’idiot du village avait sa place dans la communauté. Aujourd’hui on se donne bonne conscience en « rangeant »  les handicapés mentaux dans des tiroirs nommés centres ou instituts ou avec une certaine peur, « asiles ».

L’idiot du village n’est plus un poids mort ni même une honte puisqu’on le voit plus !

ET L’IDIOTIE ?

Le terme idiotie a été créé au début du 19e siècle pour remplacer celui d’idiotisme qui désignait l’absence de culture et la stupidité au sens médical.

Mais l’origine grecque introduit une nuance : « idios » signifie ce qui est spécial, propre ou original.

De là, l’idée que l’idiot, de Dostoïevski par exemple, appartient à la catégorie des mélancoliques, ou des êtres à part, « exceptionnels » selon Aristote, et donc une nouvelle signification du terme.
L’idiot devient alors la figure idéale pour remettre en question toute prétendue intelligence ou raison au profit de l’éloge d’une forme de naïveté, « une bienheureuse éthique de l’idiotie ».

Dans Le Dictionnaire de Droit Criminel, l’idiot est décrit comme appartenant « à la catégorie des oligophrènes (littéralement : qui ont peu d’intelligence). Ne dépassant pas trois ans d’âge mental, il ne saurait comprendre les règles élémentaires de la morale, ni dès lors engager sa responsabilité pénale. En pratique, demeurant toujours sous surveillance, il n’est guère dangereux pour autrui. »

Aujourd’hui, le terme d’idiotie, dans le domaine médical en particulier, est remplacé par celui d’arriération mentale, et il représente sans aucun doute la forme la plus grave de celle-ci, le sujet souffrant d’un profond déficit intellectuel, affectif, sensitif et moteur. Elle est due le plus souvent à un arrêt précoce du développement du cerveau.