Toujours reporter au lendemain ce que l’on peut faire le jour même…remettre à plus tard, affirmer continuellement qu’on va le faire, que c’est promis, c’est comme si c’était fait, repousser sans cesse les échéances, en bref avoir un agenda tellement distendu qu’il en devient ballonné, ça s’appelle « procrastiner ».

La procrastination est un terme relatif à la psychologie qui désigne la tendance pathologique à remettre systématiquement des actions à « plus tard », qu’elles soient limitées à un domaine précis de la vie quotidienne ou non. Le « retardataire chronique », appelé procrastinateur, n’arrive pas à se « mettre au travail », surtout lorsque ça ne lui procure pas de gratification immédiate.

Etre un « retardataire » ne signifie pas ne rien faire : au contraire, le sujet peut être pris d’une véritable frénésie d’activités (aller faire les courses, entamer un grand ménage de printemps, repeindre les volets, faire de la maintenance informatique…), tant que celles-ci ne possèdent aucun rapport avec la tâche qui pose problème.
La procrastination peut se développer à différents niveaux, du bénin au malin. Si elle se concentre sur des choses sans conséquence (faire la vaisselle, remplir sa déclaration de revenus…), les conséquences seront légères. Mais dans certains cas sévères, elle peut amener divorces, pertes d’emploi, voire problèmes juridiques.

La procrastination est un phénomène que les personnes ayant souffert de dépression comme moi connaissent souvent. Le sentiment de fatigue et le fait de se sentir sans espoir nous fait souvent nous dire: « Je ferai ça demain quand j’irai mieux ». Avant même que l’on s’en rende compte, cette nouvelle date butoir nous met sur les nerfs et nous fait paniquer. La solution pour s’en sortir n’est évidemment pas de mettre la tête dans le sable en attendant que ça passe. La procrastination est une habitude dans laquelle il est facile de tomber à cause de la dépression. Plus on se sent déprimé, plus on veut éviter d’avoir à se confronter à la réalité.

La personne qui procrastine a tendance à se qualifier de paresseuse, ou de velléitaire, mais en réalité, elle vit plutôt dans la culpabilité, la peur. Dans le fond, la procrastination est un phénomène d’évitement.

Pourquoi procrastinons-nous ?

Pourquoi est-il si facile de tomber dans la procrastination et de remettre sans arrêt les choses à plus tard ? Parce que la procrastination est une façon de passer aux travers des émotions et des symptômes physiques qui accompagnent la dépression. Il se peut que cela apporte un soulagement temporaire, mais on se rend compte le lendemain en se réveillant que les choses n’ont pas avancé et que personne n’a fait le travail à notre place.

Les symptômes

-Difficulté à organiser ses pensées, ses actions et à se tenir à ses propres décisions

-Les tâches paraissent trop difficiles à accomplir et on se dit que ça ne vaut même pas la peine de s’y mettre

-On a peur de mal faire et de se sentir rejeté

Les traits de personnalité marquants

*Le manque de confiance en soi

La personne pense qu’il n’y a qu’une seule et unique façon de bien faire les choses et cette rigidité lui provoque une peur de rater ce qu’elle a à faire.

*Le fait d’éviter de sortir de sa zone de confort

Ces personnes évitent les activités qui pourraient leur causer du stress ou de l’anxiété. Mais le fait même d’éviter ces activités ne fait qu’augmenter la tension nerveuse causée par cette situation d’évitement permanent.

*Le sentiment de culpabilité

La personne se sent coupable d’avoir ce type de comportement, se promet de changer mais ne corrige rien et reste dans l’inaction.

*La peur de l’échec

Le sujet préfère retarder le travail au maximum jusqu’à estimer qu’il est trop tard pour le faire. Il dispose alors d’un prétexte à l’échec. On retrouve ici par exemple l’une des raisons qui caractérise le « syndrome de l’étudiant ».
Cette attitude semble liée à une éducation exigeante, fondée sur une culture du résultat. Le sujet prend l’habitude de ne plus pouvoir engager une action sans penser à l’évaluation qui la suivra et cherche alors à éviter les conséquences fâcheuses. La procrastination peut se trouver chez des sujets très doués et qui, paradoxalement, manquent de confiance en eux en profondeur.

*La peur de l’isolement

Le sujet souhaite être protégé, conseillé, il est à l’aise en équipe ou quand quelqu’un d’autre prend les décisions importantes. Il peut aussi chercher à attirer l’attention sur lui par une situation extrême.

*L’habitude de la procrastination

La personne a procrastiné si souvent que cela devient un automatisme. Elle ne se demande même plus pourquoi elle réagit comme ça, c’est devenu un reflexe, et elle accuse sa fatigue ou la difficulté de la tâche.

Une société de la performance

Nous vivons dans une société « procrastinatrice », qui valorise énormément la performance au détriment de l’effort. Dans le contexte actuel, faire des efforts revient parfois à avouer qu’on n’est pas intelligent, qu’on n’a pas de talent. Raison pour laquelle, parmi les gens qui ont peur de l’échec, on compte aussi nombre de perfectionnistes devenus des procrastinateurs qui se fixent des objectifs irréalistes, beaucoup trop élevés.

Comment gérer sa tendance à procrastiner

La recette miracle n’existe pas… . On doit donc livrer bataille sur deux fronts à la fois : la gestion du temps (établir des priorités, des objectifs réalistes, apprendre à planifier) et les facteurs psychologiques (perfectionnisme, peur de l’échec, des contraintes, du contrôle, de la compétition, etc.). Souvent, derrière, apparaît un problème de confiance en soi. La procrastination est le symptôme d’un malaise plus profond.

En homéopathie, je conseille de prendre les produits suivants : Médorrhinum, Pulsatilla, Arsenicum.

(A lire : « Ces gens qui remettent tout à demain » de Rita Emmett (les éditions de l’Homme)

« Comment ne plus être en retard » de Jane B. Burka/Leonora M. Yuen (Editions Pocket)
« Comment ne pas tout remettre au lendemain » de Dr Bruno Koeltz (Editions Odile Jacob).

A consulter : depressionnerveuse.fr/ anaboulix.over-blog.com)