Se dévaloriser, aujourd’hui, ne semble pas vraiment de circonstance. On a plutôt affaire à des surdoués de la vente perso, des « moi-je », des « personnellement je pense que », bref, nous vivons une époque légèrement prétentieuse. Et pourtant, parmi toutes ces personnes qui nous semblent arrogantes, se cachent ceux qui ont une piètre estime de soi, qui passent leur temps à se dévaloriser.

D’où vient la dévalorisation ?

Le sentiment de dévalorisation, d’après le magasine Psychologies, est relié à une cause précise : physique, origines sociales,  manque supposé de culture, etc… Dans tous les cas, on se focalise sur un élément principal.

Pourtant,  le plus souvent, la cause d’un complexe est imaginaire. On a un sentiment global de malaise, dont on ignore la nature et l’origine. Pour qu’il ne devienne pas insupportable, on l’accroche à une « bonne » raison, à une cause limitée. Il devient alors plus facile à cerner, il fait moins peur. C’est une « sorte d’économie psychique« .

Et les complexes ?

Aujourd’hui, la tyrannie règne et nous devons être dans le moule, conformes, sinon, c’est l’exclusion. Par exemple, si, autrefois, la beauté était un idéal, elle est devenue une obsession, pour ne pas dire une obligation. Du coup les femmes se font regonfler les lèvres, redresser le nez, aspirer la célèbre culotte de cheval, et les hommes se musclent, jettent leur lunettes après une opération au laser ou choisissent des implants pour regarnir un front un peu trop vaste.

Il faut être jeune. Passé  ans, vous n’avez plus droit au label, périmé comme un vieux yaourt, vous rentrez dans la tranche de la quarantaine. Conséquence directe de cet impératif:  le complexe de Peter Pan, qui touche en majorité des hommes se pensant et se comportant comme des enfants. Derrière cette attitude se cache la peur de vieillir et de ne plus être performant. Face aux exigences féminines, certains hommes se réfugient dans une sorte de vie de vieux garçon, avec quelques tranches de vie en couple, difficiles, et des échappées (de plus en plus longues) où ils retrouvent un sentiment de liberté, enfoncés dans leurs vieux pantalons et leurs incertitudes, avant de connaître les affres de la solitude.

Chez les femmes, la dévalorisation se traduit souvent par une peur de l’abandon. et mieux vaut rester seule plutôt que de se faire larguer. On vit haut et fort, on s’affirme professionnellement, on se fait faire un enfant et si on n’a plus l’âge, on adopte. Mais tout ça, seule, comme un vrai petit soldat. Sauf que l’image perso, derrière une apparence glorieuse, en prend un coup, et les années venant, cela ne va pas en s’améliorant. L’homme idéal est un prince charmant virtuel et on l’aime tranquillement derrière un écran.

Tous écorchés vifs, dans une société individualiste qui n’en finit pas de redéfinir les rôles de chacun, les complexés mutants peuvent aussi ressentir, dans leur vie sociale, une peur panique à la seule idée d’être soumis à une quelconque autorité. D’où des problèmes dans la vie professionnelle: soit on plie et on rase les murs, éternellement relégué dans un rôle subalterne, soit on se rebelle et on fait des séjours prolongés aux Assédic.

S’en sortir, c’est possible ?

Nos attitudes habituelles « protègent » nos problèmes. Lorsqu’on est enfermé dans un schéma, la meilleure voie pour avancer est de faire justement ce dont on a le moins envie.

En effet le secret permet de se construire tout un scénario et de ne jamais le confronter à la réalité. Nous fantasmons les réactions des autres pour alimenter notre gêne. Le complexe a une fonction : nous protéger de la conscience d’une autre souffrance que nous portons en nous, celle de l’enfant blessé.

Pour s’en sortir, il faut parler et agir. Parler de soi aux autres, à l’autre. Ou si c’est trop dur, aller voir un thérapeute, qui sera dans l’écoute bienveillante, sans jugement. Et agir, bouger, se bouger, se jeter à l’eau, se mettre en danger. Parler en public, chanter à tue-tête, danser jusqu’à l’implosion, vibrer, sentir son corps d’abord pour avoir une chance d’aller plus profond et de tuer cette timidité, ces vieilles croyances négatives qui entretiennent nos complexes.  Nous ne sommes jamais  victimes de nos problèmes, mais souvent acteurs de leur mise en scène.