Le syndrome du canal carpien parasite la vie quotidienne de nombreuses personnes, ouvrir une bouteille ou boutonner sa chemise devient très compliqué et douloureux quand on en souffre. Le pouce et parfois d’autres doigts sont le siège de fourmillements, d’engourdissements, puis de véritables douleurs qui deviennent vite handicapantes.

Les personnes les plus fréquemment touchées ont été soumises à des mouvements répétitifs de la main, des vibrations ou une pression sur la paume, le risque augmente dès lors que le ligament se durcit. Certaines professions prédisposent donc au syndrome du canal carpien : les caissiers, les agriculteurs et les mécaniciens sont plus touchés, tout comme l’ensemble des professions manuelles. Il s’agit d’ailleurs une maladie professionnelle reconnue.

LE ROLE DU POIGNET ET DE LA MAIN

Le poignet participe à l’orientation fine de la main, après les positionnements de l’épaule et du coude, ainsi qu’à ses diverses mobilités.

Il est formé du rapport articulaire entre radius et cubitus et les os du carpe.

Ses mouvements se font dans deux paramètres seulement :

  • flexion et extension,
  • abduction (ou inclinaison radiale) et adduction (ou inclinaison cubitale).

La position de fonction du poignet combine de légères extensions et inclinaisons cubitales (ulnaire).

L’ habileté de la main dépend de la complexité et de la finesse de ses jeux moteurs tout autant que de ses capacités sensitives tactiles ou sensorielles qui lui permettent d’appréhender l’environnement par le toucher, la palpation.

La main est constituée, sur le plan osseux, du carpe, du métacarpe et des phalanges, dans une organisation globale à concavité antérieure, orientée vers la prise de l’objet et vers une adaptation immédiate à sa forme. L’axe du 3ème métacarpien sert d’axe de référence et c’est autour de ce « 3ème rayon » que l’ensemble des mouvements s’organise.

Les mouvements de la main englobent ceux du métacarpe et ceux des phalanges (assistés de la mobilité du poignet) :

  • flexion et extension (dans les métacarpo-phalangiennes et les inter phalangiennes),
  • abduction et adduction
  • mouvement spécifique d’opposition du pouce, se plaçant face aux autres doigts.

Ces mouvements sont engagés par la musculature extrinsèque (située au niveau de l’avant bras) alors que la stabilisation de la main et des doigts est assurée par la musculature intrinsèque (située dans la main elle même).

Sa position de fonction associe une légère flexion globale (paume et doigts) ainsi que l’opposition de pouce à l’index, privilégiant la fonction importante de prise (avec une nette dominance de tonicité des fléchisseurs).

La préhension combine donc les mouvements de flexion plus ou moins associés à celui d’opposition du pouce, et qui rendent la main capable d’une très grande adaptabilité aux formes des objets et d’une grande diversité de modes de prises, dont ces deux modalités principales :

  • globales avec la paume
  • plus fine avec les doigts, dans les pinces pouce/index, pouce/majeur etc…
  • Outre ses fonctions de mobilité, la main joue un rôle sensoriel essentiel, qu’il soit réceptif uniquement ou plus actif dans la recherche de l’information (toucher, palper …).

La main permet un mode d’appréhension direct de la réalité extérieure, et vient parfois renforcer, confirmer les autres sens, avec cette possibilité de « toucher du doigt » la réalité en question.

En ce qui concerne les disfonctionnements du complexe main/poignet, et en dehors des atteintes articulaires d’ordre général, la lésion la plus caractérisée est celle du « syndrome du canal carpien » où une compression des nerfs dans ce canal déclenche des paresthésies.

RAPPEL ANATOMIQUE DU CANAL CARPIEN

Le canal carpien est un tunnel ostéo-fibreux inextensible, ayant la forme d’un sablier ou d’un diabolo constitué par :

-en arrière, la gouttière antérieure des os du carpe avec le semi-lunaire et le grand os
-en avant, le ligament annulaire antérieur du carpe qui envoie une lame fibreuse antéro-postérieure, isolant du coté radial le tendon du grand palmaire et sa gaine synoviale, et du coté cubital le nerf médian et les tendons fléchisseurs des doigts.

Le nerf médian situé directement sous le ligament annulaire antérieur du carpe est l’élément le plus superficiel et entre surtout en rapport avec les tendons du long fléchisseur du pouce et des fléchisseurs superficiels de l’index et du médius, mais aussi l’artère du nerf médian située à sa face antérieure.
Le canal carpien est l’endroit anatomique au niveau de la paume de la main qui permet le passage du  nerf médian du poignet à la main. Le nerf médian est responsable en particulier de la sensibilité des trois doigts de la main (pouce, index, majeur…).

A la suite de plusieurs facteurs (chocs répétés, travail de force …), le canal peut se rétrécir, en comprimant le nerf médian : c’est le syndrome du canal carpien.

Les symptômes

Cela se manifeste par des symptômes typiques : fourmis au niveau des doigts (en particulier la nuit) avec souvent des douleurs qui peuvent remonter du poignet jusqu’à l’épaule.

Souvent le patient se réveille la nuit  et il est obligé de secouer la main pour arrêter les fourmis. Le diagnostic clinique est confirmé par l’électromyogramme.

Le traitement médical est conseillé dans les phases les plus précoces, l’intervention chirurgicale est proposée si le traitement médical est inefficace.

Le nerf médian est « libéré » grâce à une section du ligament transverse du carpe (paroi supérieure du canal carpien). L’intervention peut être réalisée par une petite incision ou sous endoscopie.

ETIOLOGIE DU CANAL CARPIEN

Il convient de rechercher:

une cause anatomique : muscle surnuméraire, artère volumineuse du nerf médian…

un traumatisme ancien : fracture de l’extrémité du radius, fracture déplacée du carpe, luxation carpo-métacarpienne ou œdème post traumatique

une cause tumorale : lipome, kyste synovial…

une cause inflammatoire ou infectieuse : ténosynovite à mycobactérie, polyarthrite rhumatoïde, rhumatisme à microcristaux (goutte,hydroxyapatite…), amylose

une cause métabolique et endocrinienne : dyalise (amylose tendineuse et synoviale), myxœdème de l’hypothyroïdie, acromégalie, œdème lors de la grossesse.

Mais souvent il n’y a aucune cause précise. Ce sont les formes dites idiopathiques.

En règle générale, il s’agit de femmes de 40 ans environ, qui présentent des phénomènes de rétention hydrique du fait de troubles hormonaux. Lorsque les mouvements actifs au niveau du bras et de la main cessent, lors du sommeil, une stase périphérique s’installe qui augmente la pression intracanalaire, dépassant la pression veineuse. D’où ceci engendre un cercle vicieux avec suppression du retour veineux, œdème accru, augmentation de la pression intracanalaire, qui peut alors être au dessus de la pression artérielle.

Vers 2 à 3 heures du matin, les douleurs apparaissent, en rapport avec une vraisemblable ischémie nerveuse

CLINIQUE DU CANAL CARPIEN

Le syndrome du canal carpien est 4 fois plus fréquent chez la femme que chez l’homme.

-Typiquement la patiente décrit des paresthésies à type de fourmillements ou de picotements dans les trois premiers doigts et la moitié radiale du quatrième, c’est à dire correspondant au territoire sensitif du nerf médian. Ces douleurs à type aussi d’engourdissements ou de décharges électriques peuvent irradier le long de l’avant-bras, jusqu’à l’épaule.

-Les dysesthésies sont très souvent nocturnes, réveillant la patiente quelques heures après son endormissement. Mais rapidement apparaissent l’engourdissement du réveil et les accès douloureux diurnes, déclenchés par certains petits gestes de la vie active, à l’origine donc d’une réelle maladresse.

-Des troubles vasomoteurs sont souvent associés à type d’œdème des doigts au réveil, de cyanose, d’ulcérations, de sudation paroxystique des paumes.

-L’examen clinique recherche des signes déficitaires sensitifs : une hypoesthésie est retrouvée sur le territoire du nerf médian dans plus de la moitié des cas. Les signes déficitaires moteurs sont moins fréquents.

Les manœuvres permettant de reproduire les signes sensitifs sont au nombre de deux:

Le test de Phalen consiste à maintenir le poignet en hyper flexion. Il est positif lorsque la reproduction des paresthésies ou de l’engourdissement survient en moins d’une minute.

Le test de Tinel est positif lorsque des décharges électriques irradiant dans le territoire du nerf médian sont déclenchées par la percussion modérée de la face antérieure du poignet.

Sans approfondir, on peut savoir simplement qu’un syndrome du canal carpien s’accompagne d’une vitesse de conduction nerveuse motrice, mesurée entre deux points sus et sous-carpien, inférieure à 25m/s. La vitesse de conduction nerveuse sensitive est également diminuée.

Enfin la latence distale motrice qui mesure le temps de réponse du court abducteur à une stimulation effectuée 2 cm au-dessus du canal carpien est pathologique si elle est supérieure à 5m/s.

ANALYSE EN MEDECINE CHINOISE

Le syndrome du canal carpien est une affection de type Bi (bi signifie blocage du mouvement). Les causes sont le Froid et l’Humidité qui s’accumulent dans les muscles, ou le Vent qui les agresse. Un facteur traumatique peut également aboutir à un blocage du sang dans le système des méridiens et entraver la circulation du sang Xue et de l’énergie Qi, entrainant une obstruction complète.

Le méridien atteint est le Maître du Cœur, Shou Jue Yin et en particulier sa zone tendino-musculaire : le Jing Jin.

Les énergies perverses sont : le Froid, l’Humidité ou le Vent, qui pénètrent dans le Jing Jin (méridiens tendino-musculaires) et vont y occasionner un état de plénitude énergétique alors que le méridien principal se trouve en état de vide.

Le Bi s’installe, causé donc par la perturbation de la circulation de l’énergie nourricière Rong Qi et de l’énergie défensive Wei Qi et une pénétration de l’énergie perverse.

Le syndrome du canal carpien est caractérisé par une atteinte en plénitude de la zone tendino-musculaire du méridien du Maître du Cœur.

Cependant, la douleur dans notre étude a des caractères à la fois de type vide et plénitude, yin et yang. Ainsi, cette douleur s’aggrave la nuit et au repos, s’améliore par le massage et le mouvement, ce qui est une caractéristique Yin.

D’autre part, elle est lancinante, fulgurante, touchant un territoire bien précis, avec un délai d’apparition peut-être ancien mais avec une recrudescence récente, moins de 2 mois, ce qui est une caractéristique Yang.

On peut donc considérer le syndrome du canal carpien comme une pathologie de douleurs Yang sur un fond chronique Yin.

L’AURICULOTHERAPIE

On stimulera les points des doigts, des poignets et du coude. Mais on s’occupera également de la Rate et du Shen men.

Pour en savoir plus, venez me voir à mon cabinet de Soustons, dans les Landes, ou à celui de Bayonne.