Récemment, des scientifiques ont découvert que la salive des sangsues est dotée d’une trentaine de composants actifs, de substances analgésiques et anesthésiques ainsi que de composés similaires à l’histamine. D’autres substances, comme la destabilase, dissolvent la fibrine, principal composant des caillots sanguins. La salive de sangsue peut donc non seulement empêcher la formation de thrombose, mais elle peut aussi dissoudre un caillot déjà formé. Elle contient aussi un anesthésique « Deux heures de traitement, répété de temps à autre, calme la douleur aussi bien que le feraient des médicaments. »

Un avantage : aucun risque d’effets secondaires.

En Allemagne, l’hirudothérapie est pratiquée au sein même des hôpitaux. Nombreux sont les Français qui passent la frontière pour se faire soigner. « L’arthrose du genou, une des plus douloureuses et handicapante, est traitée par les sangsues Outre-Rhin. » En Suisse, la pratique est largement développée. Le docteur Kaehler Schweizer ne comprend pas la réticence française : « Il est temps que cette thérapie soit enfin réhabilitée dans les pays francophones et y connaisse un succès bien mérité. »

Nos voisins européens ont donc dépassé le cliché de la saignée barbare du XIXe siècle. Même si certains médecins français sont assez sceptiques et qualifient la pratique de « moyenâgeuse », l’hirudothérapie perce peu à peu. Elle est même relayée dans certains magazines médicaux.

Il ne faut pas oublier que dans les composants des  sangsues, on trouve aussi de l’hirudine et de l’héparine, deux anticoagulants utilisés actuellement en médecine, et qu’elles font partie depuis longtemps de la pharmacopée chinoise pour briser les « stases de sang« .

Si les sangsues sont peu connues des médecins et naturopathes, il n’en est pas de même pour les chirurgiens. L’usage des sangsues est en effet très répandu dans les services de chirurgie plastique et réparatrice du monde entier. Le Dr. Stan Monstrey, chirurgien et chef de service de l’Hôpital Universitaire de Gand, les utilise une fois par mois. « Elles sont très utiles lors de réimplantations d’organes (doigt, orteil, oreille, voire même pénis) ou de greffe de peau. » précise-t-il. Car les hirudinées aident à rétablir la circulation veineuse. Elles sont également utilisées en chirurgie orthopédique pour traiter les hématomes postopératoires. Grâce à elles, ils se résorbent plus rapidement.

Au fait, qu’advient-il des sangsues après le traitement ? Une hirudinée qui a sucé du sang humain, doit être impérativement tuée pour éviter la transmission de maladies infectieuses. C’est la loi. Elles sont alors congelées ou plongées dans de l’alcool à 90°.

Cette pratique, que l’on redécouvre aujourd’hui, est pourtant fort ancienne. Les sangsues ont été utilisées dans la médecine de tous les jours. Migraines, maux de dos, douleurs menstruelles, varices, tendinites, jambes lourdes, furoncles, entorses, … elles n’en font qu’une bouchée. Elles interviennent également lors d’affections plus graves telles que des pneumonies, pleurésies, infarctus et attaques cérébrales.

Mais à la naissance de la médecine moderne, les sangsues ont été reléguées dans la médecine populaire. Certains pays, comme la Russie, la Turquie et la Bulgarie ont continué à soigner avec les sangsues. Mais en Europe occidentale, on n’en entendit plus parler jusqu’en 1920.