C’est de pire en pire. La peur de la maladie gagne du terrain et les hypocondriaques se font de plus en plus nombreux. Vu le phénomène de mode qui frappe les médias qui font toutes les semaines des couvertures sur des sujets médicaux, compte tenu de la masse d’informations circulant sur Internet (76% des Français surfent pour obtenir des informations sur leurs problèmes de santé), et des livres qui sortent chaque jour sur des sujets « porteurs » tels que la nutrition, la prévention du cancer, l’obésité, et tous les sujets dits « psys », les préoccupations d’un public de plus en plus vaste se focalisent sur l’état du corps.

Pour le psychiatre Robert Neuburger, la «sur-utilisation du diagnostic» génère l’hypocondrie dans notre société : «Vous allez voir un médecin, vous lui dites que vous êtes triste et vous ressortez avec l’étiquette déprimé ! »

Selon les psychiatres, l’hypocondrie fait son nid dans l’histoire de chacun : les personnes qui en souffrent ont connu des carences affectives précoces, un deuil, une séparation.

Pour certains psychanalystes, elle découle d’un manque d’estime de soi. La maladie, forme acceptable de l’échec, vient masquer un profond sentiment d’impuissance, de nullité. Les angoisses hypocondriaques sont d’ailleurs assez fréquentes à l’adolescence et à la ménopause, ces périodes marquées par une profonde remise en cause de l’image de soi.

(A lire : « L’Hypocondriaque, sa vie, son œuvre », de Gilles Dupin de Lacoste, Éditions Payot)