C’est nouveau: on donne les médicaments selon les rythmes biologiques pour améliorer leur efficacité et ou minimiser leurs effets indésirables. Le cycle des cellules est influencé par l’heure, le jour, la nuit. Il s’agit d’exploiter ces variations naturelles pour le traitement du malade.

« Selon l’heure où l’on introduit les médicaments dans le corps, le traitement peut être plus ou moins toxique et plus ou moins efficace, explique à Paris Match Francis Lévi, cancérologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, l’un des premiers établissements au monde à tenir compte de l’horloge biologique dans l’application des chimiothérapies. Parce qu’elles fonctionnent sur un rythme biologique de 24 heures, comme notre organisme, les cellules sont plus ou moins réceptives à certaines molécules en fonction de la journée. Les médicaments comme les anticancéreux, mais aussi les antiasthmatiques (contre les allergies) ou encore les antalgiques (contre la douleur), ont des effets qui varient en fonction du moment d’administration ».

La chronothérapie est née aux USA dans les années 60, à la suite des travaux réalisés par Van Halberg pour les vols spatiaux de la NASA. Elle s’intéresse à la distribution dans le temps des divers paramètres biologiques. Ces derniers évoluent le plus souvent selon une rythmicité cyclique.

La majeure partie de ces rythmes sont dits circadiens: un cycle dure + ou – 24 heures (de 20 à 28 heures). Les expériences d’isolation temporelle (menées essentiellement en Allemagne), ainsi que les expériences de suspension de l’homéostasie du sommeil ont permis de démontrer que, en moyenne, le rythme circadien veille-sommeil est en fait, chez l’homme, de 25 heures 20 minutes. Par rapport au soleil, nous accusons donc chaque jour un retard d’1 heure 20 minutes.

Il existe également des rythmes biologiques dont la période est plus courte que 20 heures (les rythmes ultradiens, comme le BRAC de Kleitman – cycle vigilance-somnolence de 90 minutes, ou comme le rythme inter-narinaire – alternance de narine bouchée au cours de 90 minutes également). Et des rythmes dont la période est plus longue que 28 heures (rythmes infradiens, comme celui des globules rouges ou du cycle menstruel).

Notre horloge interne est située dans le noyau supra-chiasmatique (SCN) de l’hypothalamus (au centre du cerveau). Elle programme l’alternance veille/sommeil et la distribution du sommeil profond mais aussi la sécrétion de l’hormone de croissance, de la mélatonine et de la prolactine. C’est elle qui va définir si l’on est un gros ou un petit dormeur, un sujet du matin ou un oiseau de nuit, un dormeur monophasique ou un adepte de la sieste. C’est également elle qui va programmer les « pics »  et les « creux » d’activité et de performance.

Grâce aux efforts de recherche en chronobiologie fournis au cours des 30 dernières années, on dispose aujourd’hui d’outils qui permettent de remonter l’Horloge Interne comme on le ferait avec une montre-bracelet. Et de plus en plus de laboratoires proposent des produits (sans ordonnance) avec un actif jour et un actif nuit. Actifed et Humex Fournier (antirhumes) sont sur ce créneau depuis longtemps.

La chronobiologie permet de s’attaquer aussi aux problèmes de stress en alternant magnésium et vitamines le matin, substances calmantes le soir.

Enfin le concept s »applique aussi à la perte de poids car notre métabolisme varie pendant la journée. Ainsi on préferera un actif qui empêche de stocker les graisses le soir, et un draineur le matin. En consommant des omega 3 le soir, on peut aussi limiter certains effets de la ménopause, telles les bouffées de chaleur car ces oméga 3 agissent au niveau de la synthèse de prostaglandine (hormones produites par les cellules de nombreux organes (appareil génital, artères, bronches…)

(Sources: futura-sciences.com/ www.rolandpec.org)