quand-nos-peurs-nous-parlent-1En 25 ans Eric Normandin a hypnotisé quelques 60 000 personnes. Cet artiste québécois, plus connu sous son nom de scène, Messmer, fascine petits et grands, vous ou moi. Et il fait peur.

L’hypnose de spectacle, celle qui vous fait sombrer dans un profond sommeil en quelques secondes, ou qui vous transforme en poule, en chien, en pilote d’avion ou en débile profond, bref, celle qui vous tourne en ridicule et vous fait oublier tout bon sens, est sensationnelle.

Mais il faut savoir que derrière un réel talent se cache toute une mise en scène: ainsi les participants d’un soir sont tout d’abord sélectionnés  après plusieurs tests que l’hypnotiseur fera faire à toute la salle.

L’hypnose de spectacle

L’hypnotiseur effectue des tests de suggestibilité sur tout le public présent dans la salle (comme suggérer que les mains sont collées et soudées ensemble et qu’on ne peut plus les séparer.) Ceux et celles qui répondent bien aux tests de suggestion sont choisis pour monter sur la scène.

Il n’existe qu’un faible pourcentage de personnes (entre 5 et 10%) qui bougent, miment et actent, voire même parlent, pendant qu’ils sont sous hypnose. Et en fait, les personnes qui montent sur scène ont, (consciemment ou inconsciemment), envie de vivre cette expérience, ou d’épater leurs amis…

messmer-hypnose-265L’émission « Stars sous hypnose » sur TF1 a fait un taux d’audience record, mais a suscité pas mal de soupçons de trucage. L’émission a été critiquée par des médecins pratiquant l’hypnose dans un cadre médical.

L’un d’eux, le docteur Jean-Marc Benhaiem, responsable du diplôme d’hypnose médicale à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, a jugé l’émission »ridicule et nuisible : nous sommes des êtres malléables. Quand notre influençabilité est une occasion de rire et de se moquer, ça n’est pas très gratifiant.« 

L’hypnose médicale

Sur le fond, le docteur Benhaiem explique ce qui distingue l’hypnose pratiquée dans l’émission de télé d’une hypnose médicale, employée pour combattre la douleur, les addictions ou les troubles du comportement :

« Il y a deux phases dans l’hypnose. La première consiste à rendre la personne malléable et souple pour la faire changer de certitude et d’habitude. Elle est alors vulnérable, confuse. La deuxième phase, thérapeutique, consiste à aider les gens à trouver une nouvelle place dans l’existence grâce à cet état. (…) Dans l’émission de TF1, on s’arrête à la première phase, la phase docile, de déstabilisation.« 

Selon le docteur Benhaiem, les résultats, très spectaculaires, obtenus par Messmer sur le plateau d’Arthur résultent aussi d’une forme de falsification : « Les stars hypnotisées dans cette émission font partie des 5 à 6 % de personnes hyper suggestives (…) les artistes ont l’habitude de changer de rôle (…) ça en fait des personnes très sensibles à l’hypnose. C’est une qualité, mais ce n’est pas le cas de l’immense majorité de la population« .

En réalité, tout le monde peut répondre à l’hypnose, à condition d’avoir le désir. La transe est un état naturel que nous vivons tous plusieurs fois par jour. C’est un état naturel inconscient qui capte et entraîne le conscient à regarder ailleurs, à être absorbé par un stimulus.
Être dans la lune est un état de transe, conduire en pensant à toute autre chose qu’ la route devant nous est un état de transe, regarder un film, être absorbé par ce que nous avons sous les yeux, est un état de transe.
10 à 15% des hommes et femmes sont facilement hypnotisables, alors que 10 à 15% ont une plus faible capacité à être accompagnés en hypnose selon des tests d’hypnose menés au laboratoire d’hypnose de l’Université Concordia (Canada). Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas hypnotisables, mais simplement qu’elles ont plus de difficultés à lâcher prise.
sante_et_hypnose-472x230Mais l’hypnose n’est pas un spectacle. Et la puissance de cette science mérite bien mieux qu’une mise en scène, certes impressionnante, mais tellement réductrice. L’hypnose est un outil sur puissant pour nous guérir de nos phobies, de nos blocages psychologiques, de nos frustrations.
Pourquoi ne doit-on pas avoir peur de l’hypnose ?
L’hypnose de spectacle apparaît comme un instrument de domination, une technique permettant d’agir sur le comportement et la personne semble être complètement sous le contrôle de l’hypnotiseur. Cette impression est pourtant fausse et découle de la confusion entre l’autorité, la fascination et l’hypnose.
Il faut savoir que aucun hypnotiseur ne peut nous forcer à faire quelque chose qui va à l’encontre de nos valeurs morales. L’hypnose n’est pas un lavage de cerveau. On ne révèle pas ses secrets les plus intimes si on ne le désire pas.
En hypnose thérapeutique, nul besoin de perdre le sens des réalités pour obtenir de bons résultats. C’est une expérience vraiment personnelle, certaines personnes restent éveillées et conscientes, mais se sentent de plus en plus détendues. D’autres se laissent emporter dans ce qui ressemble à un sommeil profond. De toute façon le subconscient s’engage entièrement dans le processus de la thérapie.
Chacun expérimente l’hypnose à sa façon, il n’y a pas de règle générale. L’état hypnotique est bien différent du sommeil. On reste  totalement conscient, on entend tout ce qui se dit et l’on peut arrêter le processus à tout moment parce que l’on garde le contrôle.
Quand certaines personnes sont en état d’hypnose, il leur arrive de se demander: « suis-je hypnotisé ou pas ? Suis-je seulement détendu ? » En fait, je conseille de se laisser aller, de ne penser à rien (ce qui est difficile !), de ne rien attendre de précis et de suivre toutes les suggestions du thérapeute. Lorsque la session est terminée, on fait un bon débriefing et on peut parler de tout, doutes, questions, images, sensations, régressions, visions…le thérapeute est à l’écoute.
L’hypnose thérapeutique est une technique respectueuse du patient. Le rythme d’évolution du patient, ses valeurs morales ou spirituelles, sa personnalité sont pris en compte et respectés. Il s’établit une réelle collaboration entre le thérapeute et son patient, avec un objectif commun : la recherche d’un mieux-être durable.
En France, plus d’un millier de praticiens ont recours à l’hypnose. Cette thérapie a notamment fait ses preuves dans les cas suivants:
-L’arrêt du tabac mais également d’autres addictions (l’alcool, le jeu…)
-La boulimie : elle exerce un bon rôle de soutien psychologique dans les cures d’amaigrissement.
-L’apaisement de la douleur : elle ne remplace pas l’anesthésie, mais peut la compléter et permettre de diminuer les doses de médicaments. Elle est aussi de plus en plus utilisée en chirurgie dentaire.
-La gestion du stress.
-Les troubles psychologiques tels que les phobies, névroses,l’ anxiété, mais aussi les problèmes de trac, de mémoire, etc.
-Les maladies psychosomatiques : maladies de la peau (eczéma, psoriasis, etc.), spasmophilie, rhinites à répétition, troubles de la voix et du chant, asthme.
(Sources:.lexpress.fr/ emmanuelsabouret.com/apprendrelementalisme.com/telestar.fr/nouvellehypnose.com/therapeutes.info/psychologies.com)