On les appelle des médicaments ototoxiques. Ils provoquent des altérations de l’oreille interne : différents degrés de surdité dont les surdités de perception (hypoacousie), des acouphènes, des troubles de l’équilibre, de l’otospongiose (maladie de l’oreille interne et moyenne). Plus de 130 médicaments et produits chimiques ont été répertoriés comme étant potentiellement toxiques pour l’oreille et l’ouïe. Parmi eux se trouve notre chère vieille Aspirine®.

Il n’existe pas de traitement curatif de l’ototoxicité et, en cas de grossesse, le fœtus peut être atteint de lésion auditive. 

Deux groupes de médicaments sont reconnus comme hautement ototoxiques:

les aminosides (famille d’antibiotiques) et les diurétiques.

Les symptômes sont :

-l’atteinte cochléaire qui provoque des surdités bilatérales symétriques

-et l’atteinte vestibulaire qui provoque des vertiges et des troubles de l’équilibre (sensation d’instabilité).

L’ototoxicité peut être reconnue comme un effet secondaire du médicament, et elle peut venir d’une prédisposition individuelle (la même dose aura des effets différents selon les personnes).

Le surdosage (évident quand il ya insuffisance rénale), la prise prolongée et les interactions avec d’autres médicaments peuvent se compter au nombre des facteurs aggravants.

Les effets de l’ototoxicité peuvent être variables :

-Dans les cas d’intoxication par les aminosides, les signaux d’alerte sont discrets et peuvent apparaitre longtemps après la prise des médicaments. Les atteintes, irréversibles, sont d’ordre vestibulaire et cochléaire et peuvent continuer à évoluer jusqu’à la surdité totale malgré l’arrêt de la prise des médicaments.

-Les diurétiques constituent un facteur aggravant de l’ototoxicité de certains médicaments (et notamment les antibiotiques). Là, les symptômes apparaissent dès l’absorption. Il faut donc arrêter immédiatement la consommation. Les atteintes auditives sont uniquement cochléaires et sont réversibles si la prise des médicaments est arrêtée dès le début du traitement.

Parmi les diurétiques concernés, l’acide ethacrinique (Edecrin® )et bumetanide (Burinex)  ont une ototoxicité dose-dépendante, habituellement réversible à l’arrêt du traitement. Ils sont plus dangereux quand ils sont donnés par voie intraveineuse. En général ils sont prescrits lors d’affections rénales aiguës.

Les antibiotiques

C’est par voie intraveineuse, en traitement prolongé, qu’ils sont les plus ototoxiques: on retiendra parmi les plus nocifs, la streptomycine, néomycine, gentamycine, sisomicine, tobramycine, netilmicine, erythromycine et  vancomycine. A fortes doses cette dernière est responsable d’une perte auditive généralement irréversible. Ces antibiotiques sont généralement administrés pour des affections très graves (septicémie, insuffisance rénale).


Les salicylés et anti-inflammatoires non stéroïdiens

Nous retrouvons l’Aspirine® (acide acétylsalicylique), ainsi que les médicaments à base de diclofénac, ibuprofène, indométacine, ketoprofène, naproxène, piroxicam, phenylbutazone (Ibuprofène, Advil, Nurofen). Les effets ototoxiques se développent lorsqu’ils sont pris à des doses importantes et dans le cas d’un traitement à long terme. En revanche, l’atteinte est presque toujours réversible dans les jours qui suivent l’arrêt du traitement.

Les antipaludéens

On les utilise pour le traitement de la malaria (ou du paludisme): il s’agit de la quinine et de la chloroquine. Ils peuvent provoquer de façon épisodique des acouphènes, des vertiges ou une perte auditive. En raison de résistances importantes à ces médicaments dans les zones infestées, on les utilise rarement aujourd’hui.

Les médicaments de chimiothérapie

Ici, la surdité est irréversible et s’accompagne d’acouphènes transitoires voire permanents: cisplatine, vincristine, moutardes azotées, vinblastine, carboplatine, beomycine.

Pour les autres produits, des cas isolés d’acouphènes et de baisse d’audition ont été rapportés. La cisplatine est reconnue comme le produit le plus ototoxique.

A ne pas oublier

-Certains anti-dépresseurs comme l’imipramine (Tofranil), certains anxyolitiques (Diazepam)

-Les gouttes auriculaires qui peuvent contenir des aminosides, des anti-inflammatoires ou des antiseptiques toxiques pour l’oreille

-Les anesthésiques loco-régionaux (lidocaïne et bupivacaïne)

-Certains anti-arythmiques, des anticonvulsivants, des antiulcéreux, certains contraceptifs oraux et la morphine.

(A consulter : www.sos-audition.org )