Chez la plupart d’entre nous, la peur est un sentiment naturel provoqué par la vue d’animaux dangereux, ou apparaissant dans des  situations particulièrement angoissantes ou dangereuses…

Depuis des années une équipe de neurologues étudie le cas d’une femme de 44 ans souffrant d’une lésion du cerveau qui l’empêche d’avoir peur et qui donc pourrait mettre sa vie en danger.

Cette patiente, observée par des scientifiques américains des universités d’Iowa, de Californie du Sud et du California Institute of Technology, est atteinte d’une maladie génétique rare (Urbach-Wiethe) qui affecte le gène ECM1, une protéine de matrice extracellulaire. Cette maladie provoque des problèmes neurologiques en détruisant certaines zones cérébrales, et en provoquant en particulier des lésions bilatérales des amygdales.

Or ces structures sont partie prenante dans la capacité à percevoir et ressentir les émotions, notamment le plaisir, l’agressivité ou la peur. En recevant des informations sensorielles perçues par les cinq sens, les amygdales jouent le rôle de stimulateur de peur et provoquent inconsciemment des comportements adaptés à la situation…

Au cours d’une précédente étude sur cette même patiente, les scientifiques avaient observé qu’elle était incapable de reconnaître la peur sur un visage. Mais on ne savait pas si elle-même était capable d’éprouver ce sentiment.

Ses comportements, par ailleurs, sont atypiques : par exemple, assise face à une autre personne, elle laisse moins de distance (34 cm) que la plupart des gens (généralement 64 cm) qui sont gênés par une trop grande proximité.

Pendant la projection de films d’épouvante, elle a éprouvé de la joie, de la tristesse, du dégoût, mais n’a jamais été effrayée.

Alors qu’elle annonçait détester les serpents et les araignées et qu’elle essayait de les éviter au maximum, elle a d’elle-même touché l’un de ces animaux : sa curiosité était apparemment trop forte et elle a même tripoté leurs écailles et leur langue.

Cette personne avait été agressée plusieurs fois lors de sa vie et n’avais jamais éprouvé que de la colère. Elle vivait pourtant dans un quartier réputé pour son insécurité. Ne bénéficiant pas de sensations lui permettant de développer des stratégies de défense ou de fuite, elle est considérée comme étant en permanence en danger. La peur est en effet un sentiment nécessaire car elle permet justement de nous pousser à éviter le danger pour ainsi vivre plus longtemps.

Selon les scientifiques, ces expériences éclairent un peu plus les mécanismes de la peur et pourraient permettre de mieux traiter les cas de stress post-traumatiques ou d’angoisse extrême.