En français, l’addiction, c’est la dépendance. On peut être dépendant, addict ou accro au chocolat, au sport ou au sexe. Cocaïne, tabac et alcool ne constituent plus le trio gagnant. En mai, lors d’un colloque, la Fédération Addiction (née en janvier 2011) a pu déterminer que 1 à 8% des français sont dingues de shopping et 6% de sexe. De son côté, l’Inserm a dénombré entre 600 000 et 1,8 million de joueurs pathologiques.

Avec internet tout va plus vite: acheter, vendre, jouer, consommer, regarder, écouter, zapper…notre société ne veut plus être frustrée, nous voulons tout, tout de suite. Le problème s’installe quand cela devient obsessionnel, incontrôlable : par peur du manque, on adopte un comportement répétitif qui crée le manque.

Pourquoi court-on ? Mais oui, je répète, pourquoi court-on ? Je veux dire, pourquoi, par exemple, exécuter un footing quotidien ? Parce que sinon, bien sûr, on va passer une journée ignoble, se sentir gros, mal dans sa peau. Le footing, c’est comme une dose, c’est de la dope, et plus ça va, plus on veut être performant. « Certains courent tous les jours, souligne le psychanalyste Toubiana, sinon leur journée est infecte, même si c’est au détriment de la famille et du couple ».

De même le drogué de travail a besoin d’être sous pression en permanence. 5% des actifs ne peuvent se passer de leur boulot, quitte à se mettre en danger. Le « workaholisme » se caractérise donc par une présence abusive ou une recherche frénétique de la performance ou de la productivité. L’état pathologique de dépendance auquel il conduit peut avoir des conséquences sur la personne ou sur son entourage professionnel ou familial.

Il peut être à l’origine de stress, de surmenage, d’épuisement professionnel, voire de pression ou de harcèlement professionnel pour les collaborateurs.

Les causes des addictions

-Parmi les facteurs psychologiques, on peut citer la recherche de plaisir ou de bien-être, le besoin de compensation ou de faire face à des situations difficiles (professionnelles ou privées)…

Au niveau biologique, c’est le « système de récompense » de l’organisme qui est à l’origine de la dépendance. La consommation de certains produits procure une sensation agréable qui stimule la production de neurotransmetteurs dans le cerveau, entraînant une augmentation de la dopamine (hormone du plaisir).

Ce « plaisir facile » perturbe le fonctionnement cérébral habituel. Avec le temps, le cerveau s’habitue à ces concentrations élevées de dopamine qui deviennent indispensables. L’individu est alors « prisonnier » du produit ou d’un comportement, seul capable de lui procurer du plaisir.

Au niveau social, l’environnement privé (isolement, ennui, incompréhension, mal-être, hostilité de l’environnement…) peut constituer un facteur. Par ailleurs, pour compenser ou mieux faire face à des conditions de travail perçues comme difficiles (contraintes fortes de productivité, postes de travail à risques élevés ou à fortes responsabilités…), un individu ou un collectif de travail peut être amené à croire que la consommation occasionnelle d’alcool, de médicaments, ou de cannabis peut l’aider à se sentir mieux ou à être en mesure de tenir son poste.
Cette stratégie d’adaptation, conjuguée avec les facteurs individuels développés plus haut (psychologiques, biologiques), peut ainsi le conduire à une conduite addictive.