Vous êtes sûr d’avoir acquis une totale maîtrise de vous-même, de ne rien dévoiler de votre personnalité. Patatras ! Une attitude, un geste, un tic de langage et vous voici percé à jour. Les hommes politiques en ont fait les frais. Car pour qui sait les décrypter, nos petites manies sont une mine d’information.

DEFINITION

Au sens psychiatrique, il s’agit d’une maladie mentale, allant d’un trouble de l’humeur au délire. Mais dans le langage courant, c’est une habitude, légèrement répétitive, pour ne pas dire très agaçante… pour les autres.

DES GESTES INCONSCIENTS

Se ronger les ongles, chantonner en travaillant, jouer avec une mèche de cheveux, parler toute seule, malmener un trombone, enfiler le même vieux pull usé le matin au saut du lit, compter systématiquement ses pas ou les marches du métro …. Nous avons tous des petits gestes, des manies, des habitudes. « Ce sont des gestes inconscients et répétitifs, explique Gilles d’Ambra, psycho-sociologue. Contrôler dix fois que les portes sont bien verrouillées, revenir pour vérifier qu’on a fermé le gaz, regarder sous les lits avant d’aller dormir, sont des rituels qui révèlent un tempérament anxieux. Rassurants au départ, ils peuvent devenir obsessionnels. »

D’une façon générale, nos manies ne sont ni maladives ni définitives. Parfois cocasses, souvent énervantes, elles définissent une signalétique bien personnelle. Pour vous aider à comprendre ce qu’elles  révèlent voici un petit répertoire de ces tics bien innocents.

DICTIONNAIRE DE NOS MANIES

•Tortiller une mèche de cheveux

C’est une façon de prendre ses distances avec la réalité. Ce geste exprime un besoin d’introspection ou la volonté d’édifier une barrière face à un interlocuteur. Typique de ceux qui s’abîment dans leurs rêves. Très courant pendant la lecture.

•Se tordre les doigts en parlant

Traduit la nervosité et surtout une angoisse sociale. Si on est en face de quelqu’un qui représente une autorité, c’est aussi la manifestation d’un caractère timide, renfermé, voire l’annonce d’un accès de panique imminente.

•Se gratter la tête

Indique un sentiment de perplexité ou d’indécision. Parfois une réflexion avant de trouver le mot juste. « Rappelez vous Stan Laurel (le maigre), commente Joseph Messinger, psychologue.  Il faut savoir que le grattage fréquent de la tête est un signe de lenteur intellectuelle voire de vacuité mentale ».

•Se ronger les ongles

C’est une angoisse « cannibale », accompagnée d’une auto agressivité, car les ongles sont nos griffes à nous. Lié à la perte de l’estime de soi, c’est un malaise courant chez les adolescents qui n’arrivent pas à se situer socialement dans un groupe.

• Répéter le même mot

Comme « voilà » ou « c’est clair », surtout à la fin d’une phrase, clôt un discours et manifeste une peur d’être contesté. Les personnes peu sûres d’elles coupent ainsi le dialogue. Enfants, elles étaient peu écoutées, voire incomprises.

•Emettre des onomatopées

Comme des « euh… », répétés, marque des zones blanches dans un discours. Cela permet de rythmer une phrase, de faire une pause pour chercher ses mots. Fréquent chez ceux qui ont du mal à exprimer leur opinion ou leurs idées et surtout chez ceux qui parlent sans réfléchir. Il diront tout et son contraire en l’espace d’une minute.

•Se dandiner

On ne sait pas « sur quel pied danser ».  Mal à l‘aise, gêné, on n’a qu’une envie : en finir. Les jambes symbolisant la liberté de mouvement, le corps donne le signal du départ.

•Remuer la monnaie dans ses poches

En parlant, est typiquement masculin. Comme le fait de pianoter sur un meuble, c’est une manifestation d’agacement ou d’exaspération. Remuer des pièces dans sa poche peut aussi dénoter une tendance à la prodigalité, l’envie de dépenser pour (se) faire plaisir.

•Triturer son alliance

Symbolise l’ennui, c’est une façon de « zapper ». Votre interlocuteur ne vous intéresse que médiocrement. En faisant tourner votre alliance autour de l’annulaire, vous exprimez inconsciemment l’envie de le voir lever le camp ou changer de sujet de conversation.

•Mettre ses doigts dans son nez

Est un grand classique chez le conducteur bloqué dans les embouteillages. Il existe un véritable rapport entre la fréquence de cette manie pas vraiment glamour et les pensées « parasites » qui viennent polluer un climat mental serein.

C’est un fait : plus l’esprit est perturbé par des angoisses irrationnelles, plus les doigts iront nettoyer les narines, en voiture ou ailleurs.

•Se balancer sur une chaise

Revient au même que de bouger sa jambe sans arrêt, c’est de l’hyperactivité liée à un tempérament impatient. On a la bougeotte, on ne tient pas en place.

•Marcher en croisant ses mains dans le dos

Signale un repli sur soi. Rien ne compte, ni la personne à ses côtés, ni l’environnement, on a coupé toute communication avec les autres. Même si on donne l’impression d’écouter. On cache ses mains dans son dos quand on abdique ou que l’on arrête de penser. Il est impossible de réfléchir avec les mains dans le dos.

•Tripoter un objet lors d’une conversation

Révèle un caractère versatile, instable. Cela  traduit évidemment un malaise, une perturbation de l’humeur, parfois un stress. Lors d’un entretien professionnel, cette attitude peut laisser entrevoir un refus ou un report de la décision.

•Se mordiller les lèvres

Dénonce la nervosité mais souligne un côté très sensuel. Attitude héritée de l’enfance, la morsure est un aveu, une envie non formulée. A l’âge adulte, suivant le contexte, la morsure devient un geste érotique exprimant le désir confus de l’autre.

•Secouer un index moralisateur

Tout dépend de l’index ! L’index droit, qui marque un tempo, trahit un manque d’autorité, il symbolise un bâton virtuel destiné à tancer l’autre.

L’index gauche, agité sous le nez, est celui d’un personnage jaloux de ses prérogatives ou accroché à ses préjugés.

•Parler tout  seul

Signale un besoin de se tenir compagnie notamment quand personne ne fait office de miroir social.  Entendre sa propre voix est une manière de se rassurer et de s’accorder une dose d’affection en circuit fermé. Les personnes âgées le font souvent, parce qu’elles sont plus vulnérables et supportent moins bien la solitude.