On s'écroule au bureau ?

Ca fait des lustres qu’on entend dire que la sieste fait du bien. Parfois, on n’y arrive pas. Quand on est une pile électrique, on ne peut se poser nulle part. Et c’est bien dommage.

En effet, les bienfaits de la sieste viennent à nouveau d’être reconnus et prouvés par une étude scientifique britannique : 30% des individus ont de nouvelles idées après une bonne sieste, alors que seulement 10% d’entre nous se révèlent créatifs pendant les heures de travail.

Et oui, la sieste améliore les performances : 20 minutes de repos après le déjeuner permettraient d’améliorer notre efficacité  tout en calmant notre stress de façon significative.

La sieste au bureau

En France, il y a 5 ans, plusieurs entreprises, dont Apple France, ont aménagé des temps de sieste pour leurs employés. Echec total, car chez nous « dormir au bureau nuit gravement à la carrière professionnelle ». Ca, c’est typiquement français, on fait de la résistance, même sans savoir de quoi il s’agit. on est contre. Alors voilà, dormir au bureau, c’est totalement incongru surtout quand c’est l’entreprise qui prend ce genre d’initiative.

Ou on se la joue pépère ?

On veut bien piquer un petit roupillon au soleil sur un banc pendant notre pause, mais seulement si NOUS l’avons décidé.

Pourtant, selon une étude, près la moitié des salariés de l’informatique avouent avoir déjà dormi au travail. Cette nouvelle enquête, réalisée sur 5700 travailleurs, dont 163 informaticiens, cherche à briser quelques tabous sur le comportement des salariés au travail : sieste, flirt, alcool, etc.

D’après le sondage, réalisé par le cabinet Harris Interactive pour le site d’emploi Careerbuilder.com, ils sont ainsi 49% d’hommes et 35% de femmes, travaillant dans les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), à admettre avoir succombé à la tentation de la sieste sur leur lieu de travail.

Au Japon, dans le métro, dans le train, à la maison, au travail, partout on fait  la sieste. Ce temps de sommeil quotidien est productif, et peut durer de quelques secondes à 1 heure. Au travail, les employés dorment pendant 30 minutes dans un salon dédié à la sieste, avec musique douce et fauteuil massant. 60% des Japonais estimant qu’ils ne dorment pas assez, une étude a été effectuée qui a démontré que 15 minutes de sieste régulière permet d’augmenter la vigilance.

Plusieurs laboratoires étudient les bienfaits de la sieste.

En 2006, l’équipe du professeur Pierre Philip, spécialiste des troubles du sommeil au CHU de Bordeaux, a établi qu’une sieste d’une trentaine de minutes divisait par 3  le risque de faire une erreur de conduite et de provoquer un accident de la route !

Début 2008, Matthew Tucker, du Laboratoire de Neuroscience Cognitives et du Sommeil de l’université de New York, a publié les résultats d’une expérience menée sur 33 volontaires devant faire des exercices de mémoire. Un groupe est resté éveillé tandis que l’autre a fait une courte sieste. Bilan : ceux qui ont fait une sieste ont amélioré leurs performances, pas les autres.

La sieste serait également positive dans l’apprentissage d’une tâche motrice.

En 2007, Matthew Walker, du Beth Israël Deaconess Médical Center de Boston (Etats-Unis), a demandé à deux groupes de sujets droitiers de s’exercer à un geste de la main gauche. Un test connu pour générer, la nuit, un changement dans les connexions cérébrales du cortex moteur. Les performances des deux groupes ont été testées 8 heures plus tard. Un des deux groupes avait pu dormir environ 1h dans la journée. Résultat : les sujets ayant fait une bonne sieste ont  amélioré leur score, contrairement aux autres.

Les bébés s’endorment plus facilement lorsqu’on les berce, certaines personnes s’endorment dans le train ou l’autocar.  On pense que le mécanisme d’équilibre de notre corps, (le système vestibulaire situé dans notre oreille interne), aurait une action sur notre état de vigilance et sur l’endormissement.

Allez, on balance ?

Si on balance un dormeur, si on le berce comme un bébé, va-t-on  améliorer son sommeil ?

Le laboratoire de neurologie et imagerie de la cognition de l’université de Genève a fait construire un lit à balancier où les chercheurs ont fait dormir des volontaires Ceci afin d’étudier comment le système vestibulaire module les différents paramètres du sommeil, et son impact sur la mémoire. Sur les 9 personnes ont déjà testé le lit-balançoire, l’effet positif sur le sommeil a été démontré. D’où l’idée, selon les chercheurs, de reproduire l’effet du balancement sur le système vestibulaire en stimulant le nerf galvanique situé derrière l’oreille par une onde électrique.

Le polytechnicien Bruno Comby, auteur de du livre « L’Eloge de la sieste » (Editions TNR) hisse ainsi la sieste comme une des clés du bien-être personnel. Alors plongeons-nous dans son livre, laissons-nous aller et…faisons de beaux rêves !