femme qui parle seuleElle marche dans les rues de Bayonne en parlant toute seule. Très fort. Parfois on a même l’impression qu’elle est en colère. Elle crie et brandit le poing. Elle peut même prendre les passants à témoin, en les haranguant, droit dans les yeux.
Bon, là, c’est sûr, le mental est un peu perturbé…

Alors, se parler tout seul, chez soi, ou au travail, ou en voiture, est-ce vraiment normal ? Ou bien est-ce le signe d’un dérangement mental ?

Parler tout seul nous aide émotionnellement

Nous vivons tous avec nous-même, et donc communiquer avec soi est vital et libérateur. Mais souvent nous le faisons de la pire manière qui soit. L’être humain a tendance à pratiquer l’auto-conversation négative. Quand tout ne se passe pas comme nous l’avions prévu ou que nous commettons une erreur, nous nous traitons de tous les noms, souvent à voix haute. Ce qui est inutile et même négatif. A cesser immédiatement.

En revanche, Ethan Kross, scientifique de l’Université du Michigan, a réussi à déterminer que les personnes qui parlent toutes seules et qui commencent leurs discours en prononçant leur nom avaient une plus grande confiance en eux et par conséquent plus de succès dans leur vie.

Le fait de parler à voix haute stimule notre cortex cérébral où se trouve la conscience du « moi ». Nous développons un meilleur contrôle psychologique et nous arrivons à mieux relativiser tout ce qui est négatif.

Parler tout haut aide à se concentrer

D’après Vironika Tugaleva, auteur de The Art of Talking to Yourself (“L’art de l’autoconversation”), nous parlons souvent à voix haute, surtout quand notre action nécessite de la vigilance, de la précision. Cette manie ne signifie pas que nous sommes un peu perturbés, au contraire.
Selon des études récentes le cerveau est plus efficace quand il s’entend penser.
Quand on relit un texte à voix haute, un texto ou un email par exemple, on repére plus facilement le mot qui manque ou la faute d’orthographe. Entendre les mots augmente la capacité d’attention.
Ainsi les enfants vont mémoriser plus facilement leurs leçons quand ils les récitent à voix haute : l’audition facilite le stockage des informations.

Encore plus étonnant, le fait de parler tout haut aiguise aussi les capacités visuelles.
Des chercheurs de l’université de Wisconsin-Madison, aux États-Unis, ont demandé à des volontaires de trouver des objets précis dans un supermarché. La moitié d’entre eux devait rechercher silencieusement, l’autre moitié devait se répéter ce qu’elle cherchait à voix haute. Les seconds ont repéré les objets demandés bien plus rapidement que ceux du premier groupe.

Nos conversations mentales donnent du sens au quotidien

Il nous arrive souvent de parler tout seul. Qui, au moment de partir, n’ a pas énuméré à voix haute ce qu’il ne fallait pas oublier : les clés, le sac, la liste des courses, mettre l’alarme…c’est une vérification qui s’impose.
Les psys américains et anglais se sont beaucoup penché sur le sujet. Ainsi Sheri McGregor, coach de vie et auteur du livre Done With the Crying (“Fini de se lamenter”) affirme que les conversations avec soi-même sont très profitables.
« S’adresser à soi-même avec bienveillance peut être un bon moyen de prendre soin de soi », dit-elle.
Itamar Shatz, doctorant en linguistique à l’université de Cambridge, affirme que l’on gère mieux ses émotions et que nos décisions sont réfléchies. Il est possible d’améliorer l’efficacité de ce type de discours en ayant recours à des méthodes d’auto-distanciation qui consistent à s’adresser à soi-même à la deuxième ou à la troisième personne.
Si vous appréhendez une intervention en public, explique-t-il, au lieu de vous demander: ‘Pourquoi est-ce que je suis si stressé-e?’, demandez plutôt: ‘Pourquoi est-ce que tu es si stressé-e?’ ou bien: ‘Pourquoi Élise est-elle si stressée?

Parler tout seul rendrait plus intelligent

Dans une étude publiée il y a 6 ans dans le Quarterly Journal of Experimental Psychology, les psychologues Gary Lupya et Daniel Swigley, ont mis en relation le fait de parler seul et le fait de réfléchir plus vite que la moyenne. De plus, parler seul serait un vrai anti-stress : cela permet de se défouler, d’évacuer ses angoisses, de retrouver son calme.

Albert Einstein se parlait à lui-même quand il était seul. Peu enclin aux contacts sociaux, il préférait discourir en son for intérieur…

(Sources : .letelegramme.fr- .huffingtonpost.fr- aufeminin.com)