Dans le milieu des people, on dit les « toy boys », les hommes jouets, pour désigner les amants de femmes un peu (beaucoup ?) plus âgées, et les « cougars » pour parler des femmes mûres qui ont des compagnons plus jeunes qu’elles.

Madonna a passé son 51ème anniversaire dans les  bras de son boyfriend de 22 ans, le mannequin brésilien Jesus Luz.  Il y a encore un mois à peine, chacun s’étonnait des amours de Demi Moore qui sortait avec un jeunot à peine pubère, et Kylie Minogue, 41 ans, vient d’acquérir une villa en Espagne, afin de se rapprocher de son boyfriend, Andrés Velencoso Segura, un mannequin espagnol de 31 ans.

Du côté de chez nous, on ne parle guère de ces cures de jouvence. Deux exceptions confirment cependant la règle : l’inoxydable Macha Méril clame avoir enfin découvert le plaisir à 63 ans dans les bras de Benoît, un sculpteur de 43 ans, et l’écrivain Madeleine Chapsal feuillette les souvenirs fanés de sa « Maison de Jade » pour faire revivre le gamin qui l’a « boostée ».

Ce n’est pas un gigolo

Les préjugés ont la vie dure. Il semble toujours impossible qu’un homme puisse désirer et même aimer une femme nettement plus âgée que lui. Pour les psys, il cherche sa mère et rêve de se faire materner. Pour les âmes charitables, il cherche un porte-monnaie et rêve de se faire entretenir. « I’m just a gigolo »… Luis Prima pas mort.

« Au début, se souvient Marie-Anne, 56 ans, quand on faisait les courses, les commerçants me félicitaient de la ressemblance avec mon grand fils. Ca nous faisait rire mais, en fait, j’étais touchée, c’était un peu comme une gifle. Nous avons 22 ans d’écart, et pour beaucoup c’est choquant. Pourtant notre histoire d’amour dure depuis cinq ans.» Marie-Anne s’accepte, assume son âge et sa fragilité, joue de son charme et s’abandonne.

Chaque année, à l’âge de la ménopause, des milliers de femmes libérées de la procréation et du rôle de mère, choisissent un nouveau compagnon plus jeune qu’elles.

Frédéric, un  géomètre de 32 ans, s’exprime haut et fort: « Je suis fou d’une femme très belle, très féminine, subtile, raffinée. Et je ne veux même pas savoir son âge. Quand elle s’angoisse et met le sujet sur le tapis, je lui rappelle tous les couples célèbres, comme Colette et Bertrand de Jouvenel. »

Pas facile pour une femme libre d’assumer ses désirs et d’afficher un bonheur aussi dérangeant. Une femme expérimentée, qui refait sa vie avec un jeunot, quelle histoire !

Le refus de vieillir

Dans les milieux bien pensants, comme du reste dans ceux qui se disent « affranchis », il n’est pas question d’ignorer ce que les premiers appellent une déchéance et les second un coup de folie.

On pardonne aux artistes et aux intellectuelles, cela fait partie d’une vie en dehors des normes, mais les autres, toutes les autres, les mères de famille, les célibataires endurcies, les veuves et les divorcées, pas question de laisser passer une si belle occasion de les clouer au pilori.

Si elles bravent l’opinion publique, on les taxe de « garces ». Si elles gardent le secret, on les plaint en leur promettant des lendemains sévères. A la sortie de la messe, pendant le bridge hebdomadaire, ou dans les fermes à la veillée, on cherche frénétiquement qui, mais qui donc, parmi les ancêtres, avait déjà fauté. Car c’est une tare, évidemment, et si elle est de famille, c’est en quelque sorte rassurant. Un peu comme les « filles mères », qui se retrouvent à chaque génération.

« Vivre avec un homme plus jeune, c’est refuser de vieillir, explique la psychanalyste Marie Lepoulain. Certaines femmes ne veulent pas se résigner, suivre un cycle de vie normal. La ménopause ne sonne pas le glas de toutes les espérances : aujourd’hui les femmes peuvent vivre normalement leur désir, s’épanouir dans leur sexualité.

Et au-delà de ça, elles ont envie d’aimer, sont enthousiastes, entreprenantes, pleines de vie. C’est pour cela aussi qu’elles attirent des hommes parfois beaucoup plus jeunes, elles dégagent une énergie incroyable. Leur charisme irradie. Ces femmes là ne seront jamais de vieilles femmes : elles détiennent la clé de la jeunesse éternelle ».

Dans ces couples si critiqués, contrairement aux idées reçues, personne, jamais, ne choisit l’autre. C’est seulement une rencontre qui se transforme en histoire. Après le désir, et l’envie d’aimer, l’amour entre dans la danse.

En revanche, aujourd’hui, les femmes de 50, et même de 60 ans choisissent leur vie : certaines s’épanouissent dans un rôle de grand-mère, d’autres entretiennent leur corps comme une belle machine,  d’autres encore vivent une vie de couple paisible, toute en douceur.

Restent celles qui frémissent toujours d’impatience à l’idée de ce que leur réserve le lendemain. Celles qui veulent profiter sans se justifier. Celles qui ont accepté leurs rides, apprivoisé les blessures de l’âge et appris à s’aimer vraiment.  « L’amour pour sa propre personne, disait Freud, est peut-être le secret de la beauté ».