Longtemps laissé de côté par les chercheurs, le dégoût entame depuis quelques années une phase de réhabilitation. The New York Times le compare ainsi à « la Cendrillon » des émotions ». Et « si ses méchantes sœurs, la colère, la peur ou la tristesse, ont attiré l’attention des psychologues, lui, a été laissé dans l’ombre », souligne le quotidien.

Déjà, en 1946, on pouvait lire ceci dans le Traité du caractère de Mounier: « on a noté que les mêmes objets, les mêmes odeurs, qui soulèvent le dégoût quand ils viennent d’autrui, ne l’éveillent plus quand ils viennent de nous ».

Pour une spécialiste du sujet qui enseigne à l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, « le dégoût est notre quotidien. Il détermine la proximité que l’on va avoir avec autrui. Il détermine qui l’on embrassera, avec qui l’on sortira, auprès de qui l’on va s’assoir. Il détermine aussi qui l’on va fuir, ce qui est très important ».

Le dégoût est un vieux réflexe de rejet, qui a évité à nos ancêtres de s’empoisonner avec de la viande avariée ou des plantes vénéneuses. Cette notion est particulièrement utilisée dans le domaine de l’alimentation.

Sitôt le gout bizarre perçu en bouche, les muscles du visage, de la langue, de la mastication, du pharynx, se contractent pour expulser l’intrus.

Une odeur putride a le même effet. Voir ou seulement imaginer un plat répugnant déclenche une mimique de dégout. Nous émettons alors une onomatopée devenue célèbre : beurk !

Il existe des répulsions universelles pour tout ce qui évoque ordures ou excréments.

Aux USA, des spécialistes ont démontré que même neufs, sacs-poubelles, tampons hygiéniques, couches pour bébé et litières pour chats provoquent une sensation de dégout dans notre subconscient .

Plus étonnant encore, mais toujours prouvé, tout ce qui, dans un caddie de supermarché, a été en contact avec ces produits, devient provisoirement moins appétissant…

(Ca m’intéresse, Hors série /bigbrowser.blog.lemonde.fr )