L’âge ingrat est étrange. Une sorte de croassement éraillé à fréquence aléatoire qui sort de la bouche, une profusion de cheveux sur la tête obstruant souvent la visibilité, une silhouette en forme de S (genoux pliés, dos incurvé, tête pendante): c’est un  ado.

Récemment, l’association des endocrinologues libéraux de Rhône-Alpes organisait à Lyon une journée d’étude autour de cette curieuse bête.

Ce symposium intitulé «Les ados ont les glandes» s’est penché sur «le chaos hormonal» qui caractérise le passage dans cet âge que l’on dit ingrat. On peut y trouver des réponses aux comportements singuliers, et souvent surprenants, de l’espèce.

Démarche traînante portée par des jambes molles, filet de voix à la limite de l’extinction, tête dodelinant pour ne pas trop solliciter les cervicales, l’ado est un être en permanence fatigué.

Il y a effectivement plusieurs raisons. D’abord, il grandit, ce qui lui demande beaucoup d’énergie. Mais il peine aussi à s’endormir le soir. La faute aux hormones de croissance qui s’excitent en soirée. Résultat: il glandouille dans sa chambre, s’endort à l’aube et se traîne toute la journée comme une chiffe molle.

Il ne faut pas oublier qu’entre 12 et 14 ans pour les filles, 14 et 16 ans pour les garçons, ils peuvent gagner 25 cm. Cette poussée brutale provoque une perte de tonus musculaire et une tension des ligaments de la colonne vertébrale. L’ado est flapi car ses muscles ne poussent pas aussi vite que ses os.

Et puis rien n’est syncro : les mains et les pieds sont gigantesques, puis ce sera le tour des bras et des jambes et enfin le torse. D’où un échalas mal dans sa peau et qui ne trouve le repos qu’en se dépliant à environ 127°, du genre dossier d’un vieux clic-clac.

Oui mais 127°, c’est la position « gravité zéro » calculée par la Nasa pour les sièges des astronautes !  Laissons-les s’avachir, ils ont tout compris sans même le savoir…

 

 
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