La question irrite et suscite parfois des réactions vives. La plupart de ceux qui vont ou sont allés voir un psy, pour une psychothérapie ou une analyse se sont posés les mêmes questions :

« Pourquoi faut-il payer en espèces ? » « Pourquoi mon psy le demande-t-il ? » « Pourquoi est-ce important ? ». Généralement, ça nous gêne, on se dit que, alors que nous sommes matraqués par les impôts, il y en a un qui fait son bas de laine, et qu’on nous prend pour des idiots.

La cure psychanalytique, quand elle est décidée, après plusieurs rendez vous, et qu’elle a été mûrement réfléchie, s’inscrit dans le cadre de l’intime. Cette cure se déroule à un endroit précis et à un moment précis, les rendez vous sont toujours les mêmes, et même absent à ce rendez vous, « notre psyché à rendez vous avec la psyché de l’analyste« .

La psychanalyse reste dans le principe de la cure sur ce qui a été mis en place par Freud, c’est-à-dire consacrer du temps et de l’argent à ce travail. Il s’agit d’un véritable engagement réciproque qui comprend des règles. Ainsi donc le paiement est du, pour toute séance manquée, tôt ou tard, on reste en dette avec son psychanalyste.

La grande majorité des psychanalystes demandent un paiement à l’acte, en liquide (ils parlent de la valeur symbolique des billets) et en réglant les séances manquées. Ces analyses, si elles sont  effectuées par des psychothérapeutes ou des psychologues(qui ne sont jamais remboursés) sont donc entièrement à la charge du patient.

Il y a une trentaine d’années, le problème du paiement en espèces ne se posait pas, parce que les analysants étant moins nombreux, les analystes également, et que tout ce monde en connaissaient les codes. L’intime impose le secret, notamment vis-à-vis de la banque, ou de la famille, on règle donc sa cure en espèces.

La question de l’argent doit être abordée entre le thérapeute et son patient, et le fameux « transfert » n’a rien à voir dans l’histoire. Le discours habituel est du genre : « la symbolique de l’argent est importante, il faut que le patient se rende compte qu’il me paye ».

Mais si payer sa séance d’analyse en liquide est une règle tacite imposée par la plupart des psychanalystes, celle-ci n’est écrite nulle part dans le corpus freudien. Sans oublier que du temps de Freud le système bancaire en était à ses balbutiements et qu’il n’y avait ni carte de crédit ni chèque !

Selon Donald W. Winnicott, psychanalyste anglais, l’argent que l’on donne à son analyste permet ainsi d’exprimer la haine, le transfert négatif : le psy n’est pas un « ami « . ET le chèque n’a pas la même signification qu’un billet.

La nécessité de payer les séances en liquide est considérée par certains critiques de la psychanalyse comme un signe de la vénalité des psychanalystes. Il faut savoir que cette règle ne s’applique qu’à la cure psychanalytique, et qu’elle ne concerne pas les psychothérapies psychanalytiques plus fréquemment pratiquées.

Pour les psychanalystes, cela répond à une théorisation précise : l’aspect concret de l’argent liquide lui permet d’être intimement relié à de nombreux motifs inconscients que la cure vise à rendre conscients afin qu’ils puissent y être élaborés. Et la séance étant payée, sur le champ, l’analysant est libre de venir ou de ne pas revenir à la séance suivante.

« Le paiement en espèces, souligne La Société Psychanalytique de Paris, appartient à la tradition analytique, et vise à rendre plus concrète et présente cette dimension de l’échange ».

(Sources : espace-psy.com/ psychologies.com)