Ce terme est utilisé dans la littérature depuis 1975 pour désigner des situations connues depuis fort longtemps. Auparavant on parlait des « mendiants thésauriseurs » ou du « social breakdown syndrome » ou encore du “self-neglect syndrome”. Ces situations rares restent mal connues.

Mais qui était donc Diogène ?

Le philosophe grec Diogène, encore appelé Diogène le cynique,  est né à Sinope 413 ans avant JC et décédé en 324 avant JC à Corinthe. Il aurait vécu sale et seul dans un tonneau, comme un ascète, sans aucun objet personnel. La légende dit qu’il se serait même débarrassé de son écuelle. Il est connu pour s’être promené au milieu de ses contemporains, en balançant une lanterne et en leur jetant des regards méprisants. Il aurait déclaré : « je cherche un Homme, mais je ne vois pas d’Hommes ici« . Il est aussi connu pour sa réplique à Alexandre le Grand qui était venu le consulter : « ôte-toi de mon soleil« .

Le syndrome du SDF ?

Ce syndrome atteint de nombreuses personnes (on en recense 2 000 à Paris seulement ).

« Ce qui caractérise les diogènes, c’est une accumulation d’objets hétéroclites, leur aspect hirsute et leur refus de toute aide, définit Laurence Hugonot, médecin gériatre dans un hôpital parisien. Seul un porteur de panier de quelques vivres, un habitué qui ne remet pas en cause leur mode de vie, est autorisé à pénétrer dans leur antre. »

Si la plupart des « diogènes » vivent à la rue, certains sont aisés, et restent cloîtres chez eux, reclus derrière un rempart de coquilles d’huîtres, de vieux journaux, de boites de conserve…

« Ils risquent d’être brûlés dans l’incendie de leur appartement devenu insalubre, de mourir gelés pour avoir ouvert des fenêtres… », signale le docteur Jean-Claude Monfort, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne. Dans les années 1930, à New York, deux frères milliardaires vivant au milieu de leurs détritus sont morts … étouffés sous l’éboulement d’une tranchée creusée au milieu des objets qu’ils avaient accumulés chez eux.

Comment expliquer cette pathologie ? « Par une sorte de cataclysme survenu entre 0 et 3 ans, répond le Dr Jean-Claude Monfort. Se retrouvant seul, en carence affective, l’enfant, pour survivre, aurait été amené à faire un choix non conscient : ne jamais compter sur autrui. Mais, parvenues à l’âge adulte, ces personnes, à l’intelligence hors norme, et à la personnalité affirmée, peuvent s’effondrer d’un instant à l’autre. »

Quelques troubles du comportement caractéristiques :

-syndrome d’encombrement par des déchets

-manie de l’amassage

-entassement obsessionnel compulsif

-« collectionite » aiguë

-incurie domestique

-saleté, manque total d’hygiène

-retrait de la vie sociale

-agressivité

Comment venir en aide ?

« Pour résumer leur mode de vie extrême, les Diogènes ont besoin de tout, mais déclarent n’avoir besoin de rien, définit le docteur Jean-Claude Montfort. Toute la difficulté est de les découvrir, et de prévenir une catastrophe. »

Découvrir qu’un proche souffre du syndrome de Diogène n’est pas facile. Ce symptôme apparaît souvent chez des personnes âgées atteintes de solitude après la mort d’un proche, d’un conjoint

« Lorsqu’on est alerté par un voisin, en raison d’une odeur insupportable -certains vivant avec des cadavres d’animaux- il faut agir avec tact et prudence, les amener à accepter une aide, sans jamais les brusquer », explique Isabelle Péan, conseillère en économie sociale et familiale au Centre local d’information et de coordination gérontologique (Clic), qui mène actuellement une étude. « Priver brutalement un Diogène de son environnement peut entraîner un stress majeur, voire une mort par suicide », ajoute-t-elle.

(Sources : La Dépêche / www.medicalforum.ch )