L’anorexie mentale, à ne pas confondre avec l’anorexie, se manifeste en particulier par une préoccupation despotique de l’apparence, et entraîne des restrictions alimentaires sévères. Les causes de ces privations auto-infligées restent inconscientes pour les personnes qui en souffrent. Ces troubles  relèvent d’une psychopathologie de l’image du corps.

Il faut noter que dans l’anorexie mentale, le patient lutte contre la faim, alors que dans l’anorexie, il a perdu l’appétit.

Les critères retenus dans un diagnostic de l’anorexie mentale sont :

-le refus de maintenir le poids corporel au niveau ou au-dessus d’un poids minimum normal pour l’âge et pour la taille (poids inférieur à 85% du poids attendu)

-la peur de prendre du poids ou de devenir gros, alors que le poids est inférieur à la normale

-l’altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps et le déni de la gravité de la maigreur actuelle.

-l’influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l’estime de soi

L’anorexie figure parmi les plus mortelles des maladies du psychisme. Le taux de mortalité à 10 ans est de 5 %, il avoisinerait les 20 % à plus long terme, car la santé de celles et ceux qui en réchappent demeure irréversiblement fragilisée.

LA CULPABILITE

Les médecins en contact avec des personnes souffrant de cette pathologie ont systématiquement remarqué un sentiment fort culpabilité obsessionnelle. Dans le cerveau anorexique, l’information « je suis coupable » est liée à une morale qui signifie que l’on doit être puni. Se priver de manger est une privation de plaisir. S’alimenter est tout simplement  « inacceptable ».

Le sentiment de culpabilité pourrait venir d’une suite de causes et d’effets mal compris (divorce, deuil, hypersensibilité aux autres, problèmes sexuels…) qui fait que l’individu se rend responsable du « problème ». Toute psychothérapie qui ne prend pas en compte cette « logique anorexique » amène au taux de rechute importante.

LE DENI

Psychologiquement il y a un déni: devenues très maigres, les filles se sentent belles car leur physique correspond à leur idéal. Et comme l’état de jeûne entraîne la sécrétion d’endorphines, avant que la maladie ne s’aggrave,  elles ont une impression de bien-être.

Quand la perte de poids est devenue plus importante, elles ­souffrent de dépression accompagnée souvent d’idées suicidaires. A ce stade d’évolution, les carences dues à la dénutrition nécessitent de fréquentes hospitalisations.

On observe les mêmes conséquences chez les garçons.

UN NOUVEAU TRAITEMENT

La thérapie classique consiste à aller voir un psychiatre ou psychothérapeute spécialisé dans les troubles du comportement. Ce dernier devra montrer au patient les risques provoqués par la restriction alimentaire et le suivre régulièrement en séances individuelles.

Les résultats obtenus sont en général satisfaisants mais le taux de rechute est de l’ordre de 50%.

La méthode du Maudsley Hospital est une thérapie familiale qui implique les deux parents. Ceux-ci doivent d’abord aller à des séances où on leur explique comment ­aider leur enfant (en évitant les conflits, en créant un ­climat détendu). On leur apprend en fait à devenir des sortes de thérapeutes bis.  Ensuite, ils rendent ­régulièrement compte au psychiatre des résultats obtenus et de leurs difficultés.

Une étude américaine a été effectuée sur 121 adolescents d’environ 14 ans (dont 90 % de filles)qui  ont été divisés en deux groupes. Le premier groupe  a été traité selon la thérapie classique pour adolescents et l’autre celle du Maudsley Hospital. Un an après le traitement, on a constaté que 40 % des sujets présentaient une rémission complète, contre seulement 18 % chez ceux pris en charge en thérapie individuelle (et ces ­résultats se sont maintenus les mois suivants).

(Source : Paris Match )