Selon une étude germano-canadienne, le fait de vivre en ville ou d’y avoir passé son enfance influe négativement sur les régions du cerveau qui régulent le stress et les émotions.

L’équipe de recherche a en effet cerné pour la première fois le processus biologique qui montre que le risque de souffrir de troubles anxieux est plus élevé chez les citadins que chez les personnes habitant les zones rurales.

« Notre étude montre que certaines régions de cerveau sont sensibles à la vie en ville, même si on n’y vit plus, mais qu’on y a été élevé », explique Jens Pruessner, chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale coauteur de cette étude publiée dans la revue « Nature ».

Les scientifiques  ont recruté 159 participants âgés de 18 à 80 ans, sans aucun antécédent de maladie mentale. 32 d’entre eux ont été soumis à « l’Épreuve du stress d’imagerie de Montréal », élaborée par Jens Pruessner. Ce test soumet les participants à un stress psychologique, c’est-à-dire des épreuves de calculs mentaux alors qu’’ils se trouvent en contexte d’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMF). D’autres expérimentations ont été menées à des fins comparatives.

L’idée était de voir la réaction du cerveau devant le stress afin de vérifier si le cerveau des citadins réagit comme celui des autres participants.

Les participants urbains ou qui ont passé les 15 premières années de leur vie en ville ont présenté des activités cérébrales particulières par rapport aux participants ruraux.

Les chercheurs ont démontré que la vie urbaine est associée à une plus forte réaction de stress dans les amygdales du cervelet (partie du cerveau située à l’arrière du crâne et recouverte par la partie de la boîte crânienne appelée l’occiput), une zone jouant un rôle dans la régulation des émotions.

« Même si une personne n’habite plus en ville, elle réagit plus fortement au stress de l’environnement urbain. Une personne qui a grandi en milieu rural et qui déménage ensuite en ville sera moins sensible à l’environnement urbain, car son cerveau n’aura pas été sensibilisé au stress qui en découle », explique le chercheur de cet institut affilié à l’Université McGill au Canada.

POURQUOI CETTE ANXIETE ?

« Nous avons de bonnes raisons de croire que c’est l’anxiété sociale, qui est plus grande en ville qu’en milieu rural. On y retrouve plus de gens et on y a plus d’interactions sociales. Notre statut social est aussi davantage mis au défi en milieu urbain qu’en milieu rural », déclare Jens Pruessner.

Des études antérieures avaient démontré que le risque de troubles anxieux est de 21 % supérieur chez les citadins, chez qui l’on observe également une augmentation de 39 % des troubles de l’humeur. L’incidence de schizophrénie est près de 2 fois plus grande chez les personnes qui sont nées et ont grandi à la ville.

Ces découvertes aident à comprendre les risques provoqués par  l’environnement urbain dans le domaine des troubles psychologiques et de la santé en général. Elles pourraient mener à la création de stratégies visant à améliorer la qualité de vie des citadins.

(Sources : Passeport-sante.net / Nature: City living and urban upbringing affect neural social stress processing in humans )