Sophie Favier a un cheveu sur la langue !

Quand un enfant zozote, c’est craquant et on le mange de baisers chaque fois qu’il nous sort un « ccc’est quoi ççça ? »

Mais quand, à 20 ans, on se casse la figure au moment de déclamer « qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? », c’est nettement moins amusant ! Sauf que l’on n’en tient pas vraiment rigueur, au contraire, cela fait partie de leur personnalité, quand il s’agit de personnages publics tels que Isabelle Mergault, Sophie Favier ou Laurent Ruquier !

A l’âge adulte pourtant, le fameux cheveu sur la langue peut devenir un vrai complexe et un handicap dans certains métiers.

La dyslalie

La dyslalie est la difficulté à prononcer certains mots à la suite d’une malformation ou d’une lésion de l’appareil permettant normalement la prononciation. Si les garçons sont plus souvent touchés que les filles, le nombre d’enfants atteints est inconnu.

« On estime que 10 % des adultes ont encore un cheveu sur la langue », certifie Virginie Woisard, médecin ORL et phoniatre à l’hôpital Rangueil de Toulouse.

Se débarrasser du zozotement à l’âge adulte devient compliqué alors que chez l’enfant, ce défaut de prononciation peut être résolu en une dizaine de séances de rééducation.

« Le cheveu sur la langue, c’est la conséquence d’un mauvais positionnement de la langue pour prononcer certains sons du français, explique Virginie Woisard. Pendant toute la petite enfance, le cerveau enregistre chaque mouvement de la langue, du larynx, du voile du palais effectué pour chaque son de la langue française. L’enfant qui a un cheveu sur la langue a mal mémorisé quelques-uns de ces mouvements. »

Si les voyelles ne posent en général pas de difficultés de prononciation, certaines consonnes, les consonnes dites constrictives (che-je-sse et zee) sont plus délicates. La rééducation, qui ne doit pas excéder 10 à 20 séances d’une trentaine de minutes, va consister à réapprendre ces mouvements, pour les rendre automatiques.

« Selon que l’enfant a une mémoire visuelle, auditive, on va dessiner les mouvements des lèvres et de la langue sur les dents, on va lui faire enregistrer les sons ou bien encore lui faire toucher avec le doigt le parcours que la langue doit faire sur les dents pour prononcer un sse ou un je », poursuit le docteur Woisard.

Mais un enfant ne sera jamais parfaitement rééduqué avant l’âge de 5 ans. S’il  zozote et prononce « zoli » au lieu de « joli », il faut prononcer correctement devant lui mais sans le faire répéter et  lui montrer le mouvement effectué par les lèvres et la langue pour prononcer le son souhaité.

Avant cet âge, ces dyslalies sont dites physiologiques puisqu’elles font partie du processus d’apprentissage du langage.

Toutefois, la dyslalie est généralement considérée comme pathologique si l’enfant âgé de plus de 5 ans continue à avoir des problèmes d’articulation. Il est nécessaire de rééduquer les points d’articulation au plus vite, pour éviter que la dyslalie n’entraîne des problèmes d’apprentissage de la lecture.

Le Sigmatisme

Les confusions se font généralement sur les voyelles nasales, et sur les consonnes constrictives (on parle alors de sigmatisme). Il est alors nécessaire de consulter un orthophoniste.

Les causes de ce phénomène sont d’origine:
– mécaniques: présence d’un frein trop bref ou trop fibreux (l’enfant ne peut tirer la langue complètement)
– praxiques: mauvaise maîtrise de la musculature phonatoire (bouche, lèvres, langue),
– audio-perceptives (déficit auditivo-perceptif.): l’enfant perçoit mal les sons et les reproduit tels qu’il les perçoit.

Ce trouble d’articulation apparaît souvent dans un contexte d’immaturité psycho-affective, plus ou moins entretenue par les parents: entendre son enfant zozoter, le voir sucer son pouce et ne pas intervenir, c’est refuser de le voir grandir.

Cet état entraîne un préjudice dentaire fonctionnel, et de nombreuses difficultés d’apprentissage scolaire (troubles de prononciation à apprentissage de la lecture, fautes d’orthographe dans la dictée) .

Il faut noter la grande fréquence d’otites séro-muqueuses dans les antécédents de ces enfants, entre 1 et 2 ans, période de apprentissage du langage et de la parole.

Le diagnostic posé, il faut absolument se débarrasser des idées reçues, du genre « ce n’est pas grave », ou « ça passera tout seul », le retentissement psychologique peut être très important et l’enfant ne peut se corriger seul.

L’âge butoir de la rééducation se situe vers 5 ans, 5 ans et demi.

Dans 95% des cas, le trouble cesse avant la 20ème séance. Parfois, il est nécessaire de renouveler les séances d’orthophonie.

N’oublions pas que l’une des causes de ce dysfonctionnement, un frein trop court,  doit être l’objet d’une petite intervention sous anesthésie locale (c’est la section de ce frein) .

La guérison obtenue, les récidives sont exceptionnelles. Si l’âge de 5 ans est généralement considéré comme idéal pour  la rééducation du « cheveu sur la langue« ,  les troubles du langage chez certains handicapés moteurs ou mentaux nécessitent une prise en charge orthophonique bien plus précoce, vers l’âge de 3 ans.

(Sources : Le Parisien / Santé-Guérir)